13 octobre 2016. Un Président devrait dire ça... et conclure par une profonde réforme !
François Hollande, dans le livre « Un Président ne devrait pas dire ça… » de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, s’est exprimé avec une étonnante sincérité : « Cette institution, qui est une institution de lâcheté… Parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. »
Bertrand Louvel Premier Président de la Cour de Cassation lui a répondu : « Ces outrances renouvelées à l’encontre du corps judiciaire en un temps qui requiert la cohérence de l’ensemble des pouvoirs publics, posent un problème institutionnel. »
C’est bien un problème institutionnel... qui ne pourra être résolu que par une réelle et profonde réforme de la Justice.
François Hollande énonce ainsi une vérité qui est bien connue de la plupart des spécialistes (voir le chapitre « La justice muette », page 20).
Pourquoi n’a-t-il pas fait cette réforme nécessaire pendant son quinquennat ?
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11 octobre 2016.
Dans l’Essonne, des policiers qui étaient en faction pour protéger une caméra urbaine (mission jugée stupide par les policiers), ont été agressés avec des cocktails Molotov. Quatre ont été blessés dont deux très grièvement. Réponse politique : poser des films protecteurs sur les pare-brises et vêtir les agents de combinaisons ignifugées. Demande maintes fois répétée par les forces de l’ordre : durcir la réponse pénale pour restaurer l’autorité de l’Etat.
Rachida Dati, Garde des Sceaux, a instauré qu’une condamnation de moins de deux ans de prison devait bénéficier d’une peine de substitution. Pour Christiane Taubira, C’est monté à moins de cinq ans pour qu’un délinquant (souvent multirécidiviste) puisse profiter du port d’un bracelet dont l’inefficacité n’est plus à démontrer, en lieu et place de l’incarcération. Vous pouvez explorer d'autres et nouvelles solutions possibles dans mon chapitre « Osons l’innovation » (page 125)
Rappelons qu'aujourd'hui la sécurité est en tête des préoccupations des Français, avec l’emploi (Elle était en neuvième position en 2012).
Le prochain quinquennat sera-t-il encore un quinquennat pour rien, concernant notre institution judiciaire ?
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10 octobre 2016 VOYOUCRATIE
Article de Télérama N° 3482 du 8 octobre 2016 sur un documentaire de France 5 diffusé le 9 octobre :
Documentaire de Frédéric Ploquin et Julien Johan.
A l'heure où l'histoire de France, revue à l'aune du « roman national », cristallise le débat politique, voilà trois films dont l'éclairage, aussi riche qu'inconfortable, ajoute une ambiance de polar... Le postulat de départ : la version officielle selon laquelle les voyous seraient traqués par la police de la République tient de la pure fiction. Au fil de leur longue enquête, Frédéric Ploquin, journaliste spécialiste du banditisme, et le réalisateur Julien Johan décryptent les liens et les intérêts protéiformes qui unissent truands, police et politiques depuis la Libération.
Echanges de bons procédés: l'Etat délègue les basses besognes aux voyous, qui en retirent, disons, une certaine tranquillité. Argument initial, la défense de l'intérêt national ouvre la porte à tous les dérapages. Le premier volet rappelle ainsi la dérive criminelle du SAC, police parallèle du régime gaulliste et repaire notoire de barbouzes. La suite nous plonge dans les affaires juteuses du proxénétisme et des cercles de jeux parisiens symboles sulfureux de la connivence entre l'Etat et le banditisme.
Sans oublier les alliances entre le milieu et la mairie de Marseille pendant les années Defferre. Enfin, le troisième volet éclaire les enjeux politiques du trafic de drogue : où comment les élus locaux sont parfois tentés de composer avec les caïds en échange d'une prétendue paix sociale.
Dense, rythmée, l'enquête ne laisse aucun temps mort et, à défaut de révélations facassantes, produit une analyse aiguisée, soucieuse de pédagogie. Des événements épars, de vieux souvenirs de JT occultés prennent sens et interrogent en profondeur le fonctionnement de la démocratie. Surtout, ce travail s'appuie sur un impressionnant flot de témoignages, souvent libres et décomplexés.
Truands a la retraite, politiques (Charles Pasqua, Samia Ghali, Renaud Muselier...), policiers et magistrats contribuent à lever le voile pudique posé sur ces liaisons dangereuses. - Isabelle Poitte. »
Ce documentaire "Les gangsters et la République" éclaire, sous un autre jour, l’affaire qui sert d’exemple dans la première partie de « L’horreur judiciaire (au nom du peuple français) » (de la page 11 à la page 25). On y comprend mieux pourquoi un prévenu a été condamné sur des faits faux, des dates fausses (y compris sur des rétroactivités contraires au droit français) et sur la non-application des lois censées protéger les citoyens. Sanctionné pour son action, qui n'était évidemment pas répréhensible, à l'aide d'articles de lois qui ne correspondaient en rien à ce qu’il avait réellement fait.
Le procureur Eric de Mongolfier, connu pour son exceptionnelle probité, s'est exprimé dans l'Obs du 11 août 2016 : " On pourrait rêver d'une justice républicaine, respectueuse et bien plus encore... Mais tant d'histoires m'ont démontré le contraire".
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8 octobre 2016
L’ABSENCE DE VOLONTE POLITIQUE
Emission « Le monde en face » sur la Cinq diffusée le 4 octobre 2016 intitulée « A l’ombre du pouvoir ».
Jacques Chirac en mai 1995 : « Je connais bien la France, j’ai beaucoup écouté les Français, je sais que les Français veulent aujourd’hui un vrai changement. »
Nicolas Sarkozy en septembre 2007 : « Je dis simplement arrêtons l’hypocrisie. Ce sont des affaires trop sérieuses pour se contenter de discours suivis de lendemains immobiles. »
François Hollande en octobre 2015 : « Et je veux parler clair : le statu quo n’est plus possible. L’alternative c’est la réforme ou la rupture. »
Bruno Le Maire : « A partir du moment où vous mettez dans le cœur du pouvoir exécutif de l’Etat des gens qui pensent tous la même chose, ayant eu une même formation, forcément le pays n’avance plus. C’est la situation où nous sommes aujourd’hui avec une confiscation du pouvoir par des gens qui ont tous la même intelligence. Pour moi la France n’est plus une démocratie, c’est une monarchie technocratique, un pouvoir confisqué par les technocrates. »
Propos à comparer avec le chapitre de mon essai « L’horreur judiciaire (au nom du peuple français) : « Gouvernance énarchique ou peuple responsable » page 157.
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6 octobre 2016
Les débats des primaires des partis LR et PS vont commencer. Il serait bon de savoir quelle réforme de l’administration, notamment concernant la Justice, est prévue dans les programmes des candidats à la présidentielle. Ils prétendent tous faire des réformes sur tous les sujets qui préoccupent les Français. Même certains prônent une participation citoyenne… Alors à quand des jurys populaires introduits dans les Cours Correctionnelles ? Quel présidentiable va évoquer ce sujet ?
En attendant de le savoir, voici un petit thème de réflexion tiré de "Ils ont perdu la raison" de Jean de Kervasdoué :
Des idées fausses souvent partagées
La gravité de la crise provient d'une analyse erronée des faits. C'est manifeste dans l'écologie appliquée à la politique. Florilège.
Orgueil suprême, la France pense pouvoir se protéger de tout, même de l'incertain, en inventant le principe de précaution ! Ainsi, la vaccination recule du fait des précautions sur les adjuvants des vaccins. Tout cela dans une volonté diffuse de protéger à l'extrême. Ainsi, les logements à louer diminuent parce que l'on surprotège le locataire. Ainsi, le travail se fait rare parce que l'on privilégie l'employé. Ainsi, les colonies de vacances ferment, accablées par les normes qu'on leur impose. Ainsi, le chômage s'accroît, le déficit de la balance des paiements se creuse, et les Français ne sont pas moins protégés de l'incertain qui, par essence, le demeure. Or toute politique sociale, fiscale, écologique, médicale, urbaine, éducative... devrait se fonder sur une analyse de la réalité. Pourtant, dans de très nombreux domaines, la gravité de la crise provient du fait que l'analyse des faits est aussi fausse que partagée. Le problème est donc cette cécité commune. C'est particulièrement manifeste dans l'écologie appliquée à la politique. Des idées fausses sont devenues des « évidences ».
Sur le nucléaire, par exemple. Pourtant, à puissance comparable, l'énergie nucléaire tue 4200 fois moins que le charbon. Sur les OGM. Pourtant, les OGM sont (presque) partout ailleurs appréciés des agriculteurs et des consommateurs - ils réduisent notamment l'épandage des pesticides -, même si se pose le problème de la propriété du vivant. Sur le bisphénol. Pourtant, tous les autres pays du monde acceptent l'usage du bisphénol A, quand le Parlement a décidé que l'on n'en produirait plus en France (avec une perte de 2 milliards d'euros de production industrielle à la clé), mais comme la réglementation européenne ne permet pas d'interdire l'importation des produits qui en contiennent, on en importe.
Sur la pollution des moteurs diesel. Pourtant, une étude de Christopher Tessum, chercheur à l'université du Minnesota, publiée le 8 novembre 2014 par l'Académie des sciences des Etats-Unis, démontre que, sur l'ensemble du cycle, la pire pollution atmosphérique provient des véhicules électriques quand l'électricité a pour origine des centrales au charbon. Puis - par ordre décroissant - viennent les véhicules électriques avec le mix moyen de l'électricité américaine, puis les voitures à essence et, enfin, les voitures avec un moteur diesel avec filtre, moins polluantes donc que les voitures à essence ; et on voudrait cependant les interdire à Paris en 2020 !
La science a perdu de son aura. La presse a du mal à distinguer les études sérieuses et celles qui ne le sont pas et, quand on avance les résultats d'une recherche, on s'entend répondre: « Il y a des scientifiques qui disent le contraire. » Oui, mais lesquels? On trouve tout, et de tout, sur Internet, et l'opinion se bâtit sur des peurs (la malbouffe) et sur des images frappantes (les catastrophes industrielles). Aussi, pour paraphraser Pierre Dac, à force de prendre des vessies pour des lanternes, on se brûle!
JEAN DE KERVASDOUÉ Auteur de :« Ils ont perdu la raison » aux éditions Robert Laffont. Cité dans l’hebdomadaire Challenge N°422 du 26 février 2015.
Comment survivre dans un environnement hostile
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