Irresponsables
Irresponsables : C'est ainsi qu'Edouard Philippe qualifiait les gilets jaunes il y a peu. Certes on ne peut cautionner les actions de vandalisme de ces derniers samedis. Cependant on peut s'interroger sur l'amalgame entre casseurs (soit disant bien identifiés par la police mais toujours en liberté) et manifestants qui représentent bien plus que ce que certains voudraient faire croire. Interrogé sur l'augmentation du SMIC au 1er janvier 2019, le Premier ministre déclarait : Il n'y aura aucun coup de pouce, cela nuirait à la compétitivité !
Alors, qui est irresponsable ?
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Pétition lancée sur le Net par Gilles (5 décembre 2018) : Pour une vraie baisse des dépenses de l’Etat.
" Madame, Monsieur,
Les hausses d’impôt ne sont pas près de s’arrêter…
Le projet de loi de finances pour 2019 est en train d'être discuté en ce moment à l'Assemblée nationale et au Sénat. Et une fois de plus, l'an prochain, l'Etat dépensera plus que prévu :
La dépense publique va encore augmenter de 25 milliards d'euros supplémentaires...et surtout, le déficit public atteindra 2,8 % du PIB, soit 98,7 milliards d’euros, contre 81,3 milliards cette année !
Quand on pense que le président nous avait promis, avant son élection, de réaliser 60 milliards d'euros d'économies sur le quinquennat... On en est bien loin.
Le pire, c'est que pour masquer son incapacité à prendre de vraies mesures pour réduire drastiquement les dépenses publiques, le gouvernement camoufle l'augmentation du déficit derrière ce qu'il appelle des "dépenses exceptionnelles", comme la mise en place du prélèvement à la source...alors que c'est une mesure que le gouvernement a lui-même imposée aux Français !
Cette incapacité chronique à bien gérer nos finances publiques est insupportable !
Rendez-vous compte : depuis ce 15 novembre, l'Etat français vit à crédit. Et, selon une étude de l'institut économique Molinari, en Europe, seules la Pologne et la Roumanie sont plus mal mauvais élèves que la France en matière de déficit !!!
Plus grave encore, le classement de la France n'a pas arrêté de s'aggraver ces dernières années, en passant en 20 ans de la 14e à la 24e place. « La persistance de déficits publics et la dégradation de la position française par rapport au reste de l'UE sont avant tout liées à la hausse des dépenses publiques et l'incapacité à les résorber en période de reprise économique » constate d’ailleurs l’institut Molinari.
Au total, sur les 31 postes budgétaires différents détaillés dans le Projet de loi de finances, seuls 10 sont en baisse, et d'autres connaissent de fortes hausses (le poste "Immigration, asile et intégration" qui augmente de 14,5 %, ou encore le poste "Solidarité, insertion et égalité des chances", pour financer notamment le ministère de Marlène Schiappa, avec + 7% de hausse soit 1,34 milliard d'euros en plus).
Oui, la même Marlène Schiappa qui a été pointée du doigt après que les hausses parfois faramineuses des rémunérations des membres des cabinets ministériels, publiées en marge du projet de loi de Finances ont fait polémique dans la presse ces derniers jours...
...et qui n'a rien trouvé de mieux, pour se justifier, que de répondre « j’ai des conseillers qui ont été augmenté de 10 à 15 % mais cela ne me paraît pas déraisonnable après 18 mois de travail d’arrache-pied. »
Mais dans quel monde vit-elle ?
Cette gabegie incessante, financée par nos impôts en perpétuelle augmentation, ne peut plus durer ! "
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Contribution de Benoît (5 décembre 2018) : Un moratoire ? Cliquer ICI
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Gilles Boutiron résume la situation actuelle : "Ils se foutent vraiment du monde ! " (cf. fin du billet précédent)
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Franz-Olivier Giesbert développe cela, élégamment, dans son éditorial de l'hebdomadaire 'Le Point' (N° 2414 du 6 décembre 2018) :
«Sire, c'est une révolution...»
Le moratoire sur la hausse de la taxe sur les carburants sauvera-t-il M. Macron? Le président finira-t-il son mandat ? Ce sont des questions légitimes après l'apocalypse qu'a vécue le pays, samedi dernier, sur fond de guérilla urbaine. Pour sa première grande épreuve, celle des gilets jaunes, force est de constater que le président n'a pas été à la hauteur.
Dès le début de la contestation, le chef de l'Etat a assuré, jugulaire au menton, qu'il garderait le cap. Un peu d'expérience et de jugeote lui auraient appris que, dans un conflit, il vaut toujours mieux embrouiller, laisser une porte ouverte, surtout quand on est confronté à un mouvement de ce type, attrape-tout, surgi de nulle part, qui fédère des colères de toutes sortes.
La triangulation, méthode qui consiste à reprendre les idées de l'adversaire pour l'asphyxier, est pourtant l'une des grandes spécialités de M. Macron. Il y a excellé avec la droite et la gauche, qu'il a débauchées, asséchées. Que ne l'a-t-il pratiquée avec les gilets jaunes en saisissant tout de suite au vol la proposition de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, d'organiser avec les syndicats, les associations, les contestataires un vaste débat national autour du pacte social et de la transition écologique!
Le refus du pouvoir aura été plus qu'une erreur: une faute. M. Macron aurait trouvé là l'occasion de remettre en question le soi-disant «modèle français », construction démente qui ne tient plus debout et qu'il faut d'urgence réformer de fond en comble. Notre tragédie se résume en trois chiffres qu'il est bon de méditer ces temps-ci: nos dépenses publiques s'élèvent à 56,5 % du PIB, huit points de plus que la moyenne européenne; les prélèvements obligatoires culminent à 48,4 %, record d'Europe (source Eurostat); l'endettement se chiffre à près de 100 %.
S'il y avait un prix de la plus mauvaise gestion du monde, la France concourrait dans les premières places. Plus elle dépense, plus elle fiscalise, moins ça marche. Son prétendu modèle est un gruyère mangé par le gaspillage, l'absentéisme, la fraude fiscale, l'idéologie antitravail. C'est seulement à partir du 27 juillet que les Français commencent à travailler pour eux. Avant, c'était pour l'Etat. Sans oublier que ce dernier est obligé, ses recettes ne couvrant plus ses dépenses, de vivre à crédit à partir du 15 novembre!
Pire, ce modèle, célébré par tous les bien-pensants, ne cesse de fabriquer de l'inégalité au nom de l'égalité. Non seulement les Français n'en ont pas pour leur argent, si l'on en juge par l'état lamentable de certains services publics, mais en plus les classes moyennes et populaires portent une partie non négligeable du fardeau. Quel est le cerveau cynique ou débile qui a imaginé de les racketter en augmentant encore la taxe sur les carburants?
Il fallait être bien déconnecté des réalités de la France d'en bas pour ne pas comprendre le sentiment d'injustice qu'éprouvaient les «gens de peu» de la «France périphérique». Comme l'a révélé le mensuel Capital, un employé moyen qui habite en région et est condamné à aller travailler en voiture verse plus de taxes sur les carburants que d'impôts sur le revenu. Pourquoi serait-il la première victime de la fiscalité dite écologique sur les carburants, dont plus de 80 % servent à renflouer les caisses de l'Etat et des collectivités?
« Salauds de pauvres! » comme disait notre cher Marcel Aymé, qui, lui, plaisantait. Encloué dans son parisianisme hors-sol et ses lubies jupitériennes, M. Macron a tout de suite pris l'affaire des gilets jaunes de haut, comme si c'était une énième grève de la CGT, syndicat à la rue, c'est le cas de le dire. Grisé par sa victoire par KO sur la réforme de la SNCF, il a misé sur le pourrissement, les violences urbaines. Il n'a simplement pas compris que ce conflit avait une dimension sociologique, j'allais dire existentielle. Il s'est comporté comme un vieux politicien du monde d'avant.
Sans doute M. Macron a-t-il trop lu ce grand classique, «L'Ancien Régime et la Révolution» d'Alexis de Tocqueville, qui montre que Louis XVI a précipité la Révolution à force de reculades. Mais il aurait été bien inspiré de lire aussi le lumineux récit de la Révolution française, morceau de bravoure d'un extraordinaire livre d'histoire (1). Hippolyte Taine y raconte les jours qui précèdent le 14 juillet 1789 quand, après avoir envahi Paris, font corps «affamés, bandits et patriotes» et que «la misère, le crime et l'esprit public s'assemblent pour fournir une insurrection toujours prête aux agitateurs qui voudront la lancer».
Ces temps-ci, c'était le retour des sans-culottes. Comme aurait dit Churchill, il a certes fallu du courage pour tenir debout face à eux. Mais, après avoir lâché du lest, il en faudra encore plus pour s'asseoir, écouter, parler.
(1) « Les origines de la France contemporaine » (Robert Laffont, collection «Bouquins» ).
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Quand Macron était un gilet jaune…
Prémonitoire. Il y a deux ans, le candidat publiait un livre programme au titre audacieux : « Révolution ». Relecture.
(...) « Révolte». Le président n'a pas attendu la crise des gilets jaunes pour savoir combien cette France souffre de la désertification des services publics. Un mal, inscrit dans l'agenda des concertations, qu'il souhaite désormais traiter par l'investissement. «Cette France périphérique manque souvent d'équipements publics de base, de moyens de transport, de crèches, de lieux culturels. Les conditions d'existence peuvent y être de piètre qualité, insiste-t-il. On connaît le problème que posent certaines zones pavillonnaires aujourd'hui très dégradées, ou ces zones dans lesquelles les maisons s'entremêlent avec les entrepôts et les petites entreprises.» Des propos dignes de ceux inscrits sur les cahiers de doléances. S'il prône la baisse des dépenses publiques, il affirme vouloir tenir compte «des impératifs de justice». Ce mot, «justice», apparaît sept fois dans son essai. Il prône également l'« émancipation» par le travail, gage, selon lui, de «liberté» et de «mobilité» sociale.
En outre - donnée fondamentale pour qui ne veut pas raviver une lutte des classes -, la révolution qu'il appelait de ses vœux devait prendre en compte l'extrême sensibilité des Français devant ce qu'ils considèrent, à tort ou à raison, comme une injustice: «Avec Internet, désormais, tout le monde voit tout, commente tout, se compare avec le reste de la planète, écrit-il. Cela donne le sentiment libérateur que tout est possible. Cela nourrit en même temps les névroses et révèle avec cruauté les injustices sociales, les différences de niveau de vie. Cela montre aux plus pauvres le style de vie des plus riches, ce qui peut nourrir la frustration, voire la révolte.» Que le président relise, et vite, le candidat. (Le Point N° 2414 du 6 décembre 2018)
Comment survivre dans un environnement hostile
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