Les mots pour le dire
Couvrez ce Premier ministre que je ne saurais voir : par de pareils objets les âmes sont blessées, à plus forte raison quand le sycophante en berne dénonce « une petite bande d'imbéciles » après les violences urbaines à Chanteloup-les-Vignes. Violences qualifiées d’inouïe quand la presse daigne en parler et relater l’écœurement qui gagne élus et électeurs du coin. Chantent loups ! Saurait-on mieux dire quand les sauvages s’en donnent à cœur joie. Et voilà que Bacchus sort de ses vignes pour donner un air un peu plus festif à la tragédie. Le coup de grâce, en quelque sorte. Aux Français déjà très habitués à la double peine, il est demandé beaucoup. De plus en plus même puisqu’il leur faut affronter de plus en plus de « bandes d'imbéciles », auxquelles ils ont de plus en plus de mal à s’habituer, à plus forte raison quand ils incarnent l’autorité républicaine, une autorité qui se résume de plus en plus à un simple pouvoir de nuisance - certes accompagné d’un accès garanti à toutes sortes de bons du Trésor et autres rentes fraternelles et égalitaires comme il se doit pour récompenser les serviteurs du bien commun - mais ce n’est pas l’affaire du premier venu qui doit financer la rente à vie du Tabarin républicain. Hé oui ! celui-ci fait profession de servir pour se servir, profession de soi en réalité tant il peut se servir parce qu’il a servi. Le fait est que pour ce qui est de servir, « une petite bande d'imbéciles », il fallait la trouver, celle-là : Marianne est servie !
En résumé, la police est bastonnée mais ce n’est rien : un tout petit frisson de sottise. Nous ne sommes pas très loin du délit de sans-gêne sexuel dont Jacques Faizant disait dans un de ses chers dessins qu’on finirait par appeler ainsi le viol à force de vouloir tout ensevelir sous le non-sens. Eh bien balançons notre porc devant pareille offense à la vérité et à l’esprit.
Notre génial Premier ministre est décidément le roi de la limitation de vitesse. Des hordes de sauvages mettent le pays à feu et à sang, tout ce que notre énarque trouve à dire, c’est... « une petite bande d'imbéciles ». Eh bien ! Du côté de l’ÉNA, est-on bien sûr de comprendre ce que l’on dit ? Peut-être comprend-on mieux ce que l’on fait, à l’ÉNA où l’on apprend à rester toujours, quoi qu’il arrive, debout, bien droit dans ses bottes. Comme « on » a bien fait de déménager l’école que le monde entier nous envie du côté de Strasbourg ! Au moins là-bas fait-on de meilleures saucisses qu’à la rue des Saints Pères, des fois que les énarques se prendraient pour des papes de la cuisine exotique.
Alors, « petite bande d'imbéciles » pour « petite bande d'imbéciles », nous savons maintenant à qui nous avons affaire, tant au gouvernement que sur les bancs LREM de l’Assemblée nationale. Inutile de s’épuiser en grossièretés pour qualifier toute cette caste de privilégiés hors sol.
Exquise « République » qui nous ramène si souvent à ses pères fondateurs comme à ses chers animateurs et notamment à l’illustre Camille Desmoulins, qui n’aimait rien autant que la douceur des maximes révolutionnaires de ses collègues Marat et Hébert, aimables poètes comme chacun sait, et qui prenaient le sang qu’ils appelaient à faire couler pour de simples larmes qu’ils versaient en pensant à toute la méchanceté des despotes et des aristocrates.
En résumé, quand on n’a ni le courage, ni l’intelligence d’appeler un chat un chat, peut-être vaut-il mieux fermer sa gueule. C’est franchement idiot de se dénoncer de la sorte : entre le crétin qui ne dit rien et le sage qui se tait, où est la différence ? Sans compter que le doute doit toujours profiter à l’accusé.
La conclusion qui s’impose chez l’énarque de service ne peut être que la suivante : on ne va pas poursuivre ni chercher à punir « une petite bande d'imbéciles », tout de même. Depuis quand poursuit-on les imbéciles ? Hééééé, attention, là ! Vous n’allez pas nous coller un procès de Nuremberg, là ! On n’est pas des salauds, nous, rien que des incapables. De pauvres incapables. Mais on a fait l’ÉNA. Vous savez là où on décerne le diplômes de DÉNI* : Docteur Émérite ès Nullité Incorrigible.
« Une petite bande d'imbéciles ! » il faudrait qu’ils nous la recopient, celle-là. Quand ont pense que le maître et l’âne ont eu des mots si martiaux pour dénoncer le dénommé Claude Sinké et derrière son acte isolé de malade toute une engeance honnie de gens qui font honte à la nationalité française qu’ils ont hérité de leurs parents, voire de plus lointains ancêtres, répugnante discrimination et comble de l’inégalité anti-citoyenne, cela va de soi.
Quant au silence de la presse devant cette macédoine de tartufferie à la saucisse de l’ÉNA, c’est comme si Goebbels ne s’était jamais suicidé - ce qu’il a fait quand il a compris que c’était fichu, sachant mieux que quiconque que personne ne pourrait jamais pardonner ses crimes contre l’esprit, et que son nom était tellement marqué d’infamie qu’il ne pouvait pas non plus infliger à ses enfants de lui survivre. Que tous les socialos - national-socialistes ou tout simplement crétinal-socialistes - exultent de joie : Goebbels est ressuscité, c’est la Pâques des socialos. « Une petite bande d'imbéciles » est à la fois leurs disciples et surtout leurs maîtres. Telle est la mystique du pouvoir royal, le roi est le premier serviteur du royaume. Eh bien au royaume des incapables, c’est pareil. Il faut dire que la monarchie procède d’un principe sacré.
Le problème, de notre brillantissime Premier ministre, c’est que malgré ses ruses à la noix de l’ÉNA, il n’arrivera jamais à faire prendre aux gens à peu près normaux des suppositoires pour des œufs d’esturgeon. Et l’on s’étonne qu’il y ait des gilets jaunes, mais les gilets jaunes sont à Edouard Philippe et à Macron ce que la Manufacture royale des Gobelins était à Colbert et à Louis XIV. À Manu et Phiphi la façon, aux Français la facture. Et à « une petite bande d'imbéciles » la permission de saigner la France ou d’y mettre le feu tandis qu’échouent à une autre « bande d'imbéciles » les bulletins de vote qui permettent à une autre « petite bande d'imbéciles » - encore - d’encourager toutes les « bandes d'imbéciles » à poursuivre leurs... imbécillités.
« Une petite bande d'imbéciles », sans blague ! Quand on réécrira l’histoire de France, espérons qu’il ne sera pas question de dire que la Princesse de Lamballe périt au cours d’une rave partie qui avait mal tourné, ni que le 14 juin 1940 une petite bande de touristes allemands a absolument tenu à faire les Champs-Élysées sans prendre la peine de s’arrêter dans une seule boutique (les rustres!). La prochaine fois, vous verrez : il ne sera même plus question de « petite bande d'imbéciles », mais d’une (toute) petite bande... d’incivils.
Comme dirait le sage Alphonse Karr : « Plus ça change, plus c’est la même chose. » Et Karr n’a même pas eu besoin d’ajouter : « vive le changement ! » tant il y a des choses que tout le monde est capable de comprendre à demi-mot.
Il y a, comme nous l’ont si bien rappelé Alphonse Karr ou Ferdinand Lop, des changements qui coulent de source, manière de dire qu’ils s’imposent C’est du reste à partir de considérations analogues que Procter & Gamble fit, sur l’avenir de sa marque Pampers, un pari qui s’avéra gagnant.
* Télécharger L'ENA l'école de l'ANE
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Editorial de Franz-Olivier Giesbert (Le Point du 7 novembre 2019) - Extrait :
Le spectacle insane donné par les banlieues contribue à hystériser une partie non négligeable des Français. Certes, c'est devenu une habitude: que voulez-vous, il faut bien que jeunesse passe et s'amuse. A intervalles réguliers, des émeutes de jeunes viennent donc ravager des quartiers de la périphérie. Pour un peu, on se croirait dans le Gotham de «Joker», film inspiré, superbe et prophétique où des insurgés portant des masques de clown cassent tout en rigolant. Vu d'en haut, à Paris, ce n'est rien de grave, une façon comme une autre de courir la prétentaine. Vu d'en bas, c'est différent.
«Quelle belle chose, la jeunesse! s'amusait le dramaturge George Bernard Shaw. Quel crime de la laisser gâcher par les jeunes!» Ce n'est pas un hasard si à Béziers, à Chanteloup-Ies-Vignes ou ailleurs, ce sont à des symboles de la République que les émeutiers se sont attaqués: la police, bien sûr, mais aussi les pompiers, l'éducation, la culture. Ici, c'est une école qui est incendiée. Là, un chapiteau où les élèves étaient initiés aux arts de la scène et du cirque. Dans le tout-Etat, la sidération a vite fait place à l'évitement. La France d'en haut n'écoute que son courage qui lui dit de toujours mettre un mouchoir sur les mauvaises nouvelles. Et ne parlons pas des profanations ou dégradations d'églises (877 l'an dernier), c'est péché.
Tels sont les effets du nihilisme et de l'épuisement des valeurs. Hormis Jean-Michel Blanquer et deux ou trois autres, personne, au sommet de l'Etat, n'a vraiment pris la mesure de ces tragédies locales à répétition qui vont encore creuser le fossé entre les «élites» et la France périphérique tout en poussant les feux, si j'ose dire, du Rassemblement national. Car ça roule pour lui. D'où le changement de pied d'Emmanuel Macron sur l'immigration, loin de ses positions passées, plus à l'écoute de l'opinion. Le lui reprocher est absurde, sinon criminel.
C'est pourtant ce que font tous «les idiots utiles» du RN, bien-pensants, islamo-gauchistes ou indigénistes, qui tentent depuis longtemps d'empêcher toute forme de débat sur l'immigration, dossier qui croule sous les tabous, les interdits, entretenant ainsi fantasmes et complotisme. Circulez, y a rien à voir, hurlent d'une même voix ces professionnels du terrorisme intellectuel (…) Cliquer ICI
Comment survivre dans un environnement hostile
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