Quand la justice politisée se déchaîne
Tout est dit, il n’y a rien à ajouter sauf à instaurer des Commissions Ethiques Citoyennes avec des juré tirés au sort qui, eux, actuellement, sont malheureusement les seuls aptes à écouter, sans parti pris, les arguments de la défense.
« Voilà bien une réforme systémique qui s’impose avant que tout s’effondre : encore une que Macron ne fera pas ! »
Sortir la France de la décadence
Laurent Wauquiez, ancien ministre, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, (Le Point n° 2649 du 11 mai 2023) : «Je veux sortir la France de la décadence».
Extraits :
« […] L'architecture de son programme présidentiel repose sur quelques mesures radicales: suppression des autorités indépendantes et mise au pas des « cours suprêmes », accusées de produire de la norme technocratique en pagaille; et une décentralisation à marche forcée qui ferait des régions françaises de véritables Länder. […]
[…] Voyez l'état de nos services publics! Les Français acceptaient de payer des impôts, mais ils avaient la fierté d'avoir des services publics. Aujourd'hui, on a toujours les impôts mais plus de services publics. […]
[…] Toutes les démocraties occidentales sont frappées par un même mal profond, ce sentiment de délitement. C'est l'aboutissement de ce que j'appelle l'idéologie de la déconstruction. Le combat à mener est de même nature que celui de Raymond Aron face aux élites aveuglées par la pensée communiste, qui a fait tant de dégâts. Cette idéologie de la déconstruction, qui vient de figures intellectuelles comme Foucault, Bourdieu et Derrida, sévit dans les milieux universitaires, administratifs, médiatiques et politiques avec des conséquences catastrophiques. Elle repose sur l'idée que saboter l'ordre est libérateur. Elle aboutit à l'effondrement de l'autorité, celle du président de la République comme du professeur. Elle fait l'éloge de la paresse et de la violence. Elle prône la haine de notre culture, la soumission à des minorités agissantes, et conduit à ce que la minorité terrorise intellectuellement la majorité. C'est un renversement de tous les repères qui met sur le même plan l'élève méritant et celui qui ne fait rien, le délinquant et le policier, celui qui travaille et celui qui profite. […]
[…] Le premier levier que les politiques ont perdu, c'est l'administration. Un Etat profond s'est constitué avec une administration qui s'est autonomisée du politique, voire politisée avec ses propres objectifs. Les autorités administratives indépendantes sont un monstre juridique. En vingt ans, nous avons multiplié les petites royautés administratives qui ne répondent plus à aucune instruction ! […]
[…] Pour Laurent Wauquiez, cela passe par la suppression de la quasi-totalité des autorités indépendantes comme la Cnil [Commission nationale de l'informatique et des libertés], l'Anses ou l'Arcom [Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui a succédé au CSA]. Cette suppression relève d'une simple loi. Nous devons réaffirmer le fait que dans une démocratie, comme l'a décrit Rousseau, c'est la volonté politique exprimée lors du vote qui s'applique, le contrat social, et pas l'administration qui met en œuvre sa propre logique.
Le second obstacle vient du « coup d'État » organisé par les cours suprêmes. Je ne parle pas des juges qui font leur travail dans des conditions extrêmement difficiles, mais des cours suprêmes qui, dans les années 1970 et 1980, se sont arrogé le pouvoir d'écarter la loi. Elles ont plus de pouvoir aujourd'hui que des élus choisis par le peuple, alors qu'elles n'ont aucune légitimité démocratique ! Je pense à la Cour de cassation, au Conseil d'Etat, à la CEDH [Cour européenne des droits de l'homme, NDLR], à la Cour de justice de l'Union européenne et, en partie, au Conseil constitutionnel. Lorsqu'il contrôle la constitutionnalité des lois, il est dans son rôle. Pas quand il fait de la politique […]
[…] Quand le peuple s'est exprimé, la loi qui traduit sa volonté doit s'appliquer. Quand la Cour de cassation vide de leur contenu les lois simplifiant le Code du travail pour faciliter l'embauche et réintroduit de la lourdeur, ce n’est pas normal. Quand le Conseil d'Etat accouche d'une jurisprudence qui rend quasi impossible l'exécution de reconduites à la frontière, ce n’est pas normal. Dans l'Histoire, aucun pays n’est sorti de la décadence sans changer la façon dont il était dirigé. […] »
Gilles Bressière : Le constat de Laurent Wauquiez est partagé par beaucoup et les mesures radicales pour lutter contre les dérives administratives et les abus de pouvoirs des juges semblent bien appropriées. En revanche, il propose un referendum annuel comme respiration démocratique, s’inspirant du modèle suisse, pour apaiser les tensions.
Nous préférons faire appel à des conventions citoyennes avec des jurés tirés au sort, bien plus économiques à mettre en œuvre qu’une consultation nationale, et qui, de plus, dans un climat serein, bénéficieraient d’une présentation des diverses opinions, avec des experts pour les éclairer, afin d’aboutir à des choix pertinents.
La décentralisation à marche forcée, pourquoi pas ? Mais en réduisant le mille-feuilles administratif et avec un contrôle citoyen pour éviter certaines magouilles qui sont parfois à déplorer actuellement. Dans tous les cas d’abus flagrants, la constitution de Commissions Ethiques Citoyennes (avec des jurés tirés au sort) permettrait un assainissement de la vie politique.
État fort bisounours ou État faible tracassin?
Les dernières manifestations empruntes de violences contre les forces de l’ordre, avec des centaines de policiers et de gendarmes blessés, montrent une exaspération générale. Quand des manifestants plutôt pacifiques encouragent les casseurs, cela confirme un ras-le-bol partagé par de nombreux mécontents. Le refus forcené de la retraite à 64 ans n’est pas uniquement lié au vote de cette loi, c’est l’accumulation d’interdits, de déclarations obligatoires, en forme de pièges, à rédiger aux administrations ordinaires ou fiscales pour des contrôles tatillons.
Toujours plus de taxes et d’impôts et toujours moins de services rendus : services des urgences des hôpitaux sursaturés, maternités, gares SNCF, magasins de proximités et centres postaux de moins en moins nombreux, etc. Trop de radars, dont beaucoup ne sont placés qu’à des endroits lucratifs et pas spécialement dangereux. Radars qui sanctionnent de faibles dépassements (un conseil au législateur : moins de 10 km/h au dessus de la limite autorisée : oui à une petite amende mais non au retrait de point) alors que l’entretien des routes, qui laisse souvent à désirer, est bien plus accidentogène qu’un léger excès de vitesse.
Il est totalement inadmissible de laisser des idéologues violents s’en prendre aux pompiers, aux policiers ou aux gendarmes avec des pavés, des boules de pétanque ou des cocktails Molotov.
Tous les gouvernements successifs affirment s’en plaindre, mais ils ne font rien. Alors qu’ils auraient dû depuis longtemps restaurer l’autorité de l’État.
Pour restaurer l’autorité de l’État il faudrait :
- Que l’État devienne exemplaire
- Que l’État utilise mieux ses ressources
- Que l’État reprenne la main sur sa Justice
- Que l’État cesse de satisfaire les écologistes radicaux.
Que l’État devienne exemplaire en appliquant pour lui-même les lois qu’il a fait voter et non se comporter comme un État voyou comme son administration le fait trop souvent. Avoir enfin un État dont l’administration soit au service des citoyens et non à appliquer, sur les citoyens ordinaires, toujours plus de contraintes abusives et de contrôles excessifs. Quatre cent mille normes et règles qu’il faudrait enfin classer par ordre d’importance pour n’en garder que les vraiment utiles.
Que l’État utilise mieux ses ressources : c’est à dire supprimer les services peu ou pas utiles comme tous ces comités Théodules ruineux où les responsables gouvernementaux ont placé leurs copains et leurs copines en guise de remerciements. D’améliorer l’hôpital en réduisant le personnel administratif (36 % actuellement) au profit des soignants, des services d'urgence débordés, etc.
Que l’État reprenne la main sur sa Justice pour éviter la République des juges. Réapprendre le respect des lois au Syndicat de la Magistrature, politisé à l’extrême (25 % des effectifs) qui a édité « un bréviaire du manifestant » (d’extrême gauche évidemment) et qui se montre d’un laxisme ravageur envers les délinquants : ceux qui brisent les vitrines, incendient le mobilier urbain et les voitures, ou bien qui, c’est tellement pire, jettent des pavés ou des cocktails incendiaires sur les forces de l’ordre. C’est aussi refuser que les décisions prises par nos élus soient censurées par des magistrats idéologues, mais faire plutôt l’inverse : que leurs jugements iniques soient censurés quand il ne respectent pas les lois de la République.
Que des Commissions Citoyennes soient instaurées avec des jurés tirés au sort, dont le panel représente toutes les différentes opinions, puissent invalider des décisions de justice anormalement politisées et réparer ainsi l’iniquité de magistrats dévoyés.
Que des Conventions Citoyennes soient mises en place, qui, recevant les informations contradictoires des experts de toutes les opinions, plancheraient sur un sujet d’intérêt général et pourraient avantageusement aider à légiférer en amont des parlementaires. Député et sénateurs qui, en finale, promulgueraient des lois bien rédigées par des juristes compétents à partir des suggestions citoyennes.
Adopter une Démocratie Éclairée pour ne plus subir la vindicte de la populace, plus ou moins ignare ou manipulée par les populistes, lorsque cette dernière est appelée aux urnes par referendum. Et surtout en finir avec l'exubérante croissance de l'État-nation bureaucratique.
Que l’État cesse de satisfaire les écologistes radicaux pour opter pour des mesures environnementales vraiment pertinentes. Est-ce qu’en réduisant de 40% les émissions de gaz à effet de serre en France qui n’en produit que 0,9% du total mondial on va sauver la planète alors que la Chine installe toujours plus de centrales thermiques à charbon ? Si la Chine, l’Inde et les USA, qui en émettent ensemble 64% avaient la bonne idée d’en faire une réduction de 40% : là, l’effet serait réellement positif sur le climat !
Ecologistes radicaux, c’est contre les gouvernements de ces trois pays pollueurs que vous devriez en priorité manifester votre réprobation !
Conclusion : à voir les dégâts occasionnés par un État faible dont l’administration a pour apparente vocation de tracasser les citoyens par des contrôles tatillons sur des règles et des contraintes plus ou moins ubuesques et trop nombreuses ; il semble urgent de devoir apaiser les administrés par des mesures rassurantes afin de leur offrir de bien meilleurs services avec des aides réelles appliquées par des fonctionnaires qui pourraient enfin être aussi appréciés que ceux bienveillants et utiles des pays d’Europe du Nord. Sera un État fort et respecté celui qui obtiendra une telle amélioration.
Commentaire de Gilles Bressière (4 mai 2023) : Macron s’est donné 100 jours pour réindustrialiser la France.
Il faudrait prendre pour exemple les USA qui ont pris des mesures fiscales très importantes, avec une simplification administrative pour accéder aux financements et aux permis. Ils ont ainsi siphonné les capitaux européens parce que nos industriels préfèrent s’installer sur le territoire américain, découragés par notre millefeuille administratif. Sur le Vieux Continent ils doivent jongler entre les niveaux européen, nationaux et régionaux dont la France a multiplié les strates supplémentaires et les contraintes administratives.
Proposition de simplification pour la France qui ne peut revenir facilement sur les niveaux : communaux, communautés de communes, départementaux, régionaux et nationaux qui ont été créés dans notre pays : il suffirait simplement de ne considérer comme décisionnaire qu’un seul de ces niveaux administratifs, dont il reste à choisir lequel ; tous les autres n’ayant plus qu’une voix consultative et plus du tout impérative.
Aides fiscales et financements qui devraient être facilités et qui s’ajouteraient à cette simplification administrative, afin de rendre enfin attractive l’industrialisation de la France en drainant de nouveaux investissements.
Le grand malaise français
Une fiscalité exorbitante alors que le service public se dégrade. Toujours plus de contrôles et de tracasseries et de moins en moins de services rendus, avec notamment cette nouvelle inquisition sur les propriétaires fonciers qui doivent faire, avant le 1er juillet 2023, encore une déclaration supplémentaire de leurs biens, avec leur usage respectif !
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Pierre-Antoine Delhommais (Le Point n°2645 du 13 avril 2023) :
Couvrez ces impôts qu'on ne saurait voir
« C'est un record dont le gouvernement se serait volontiers passé. Le taux des prélèvements obligatoires (PO) a atteint l'année dernière le niveau sans précédent de 45,3 % du PIB, après 44,3 % en 2021 et 43,7 % en 2020. Autrement dit, jamais il n'avait été collecté en France autant d'impôts et de cotisations sociales en proportion de la richesse nationale.
Dans le détail, selon l'Insee, les impôts ont augmenté en 2022 de 7,9 %, soit d'un montant de 59,5 milliards d'euros, avec des recettes de TVA en hausse de 8,1 % (+14,9 milliards) due à la fois à l'accélération de l'inflation et à la progression de la consommation. Les impôts sur la production ont bondi de leur côté de 9,8 % (+10,7 milliards d'euros), moins toutefois que les impôts sur le revenu des ménages et des entreprises, qui se sont quant à eux envolés de 10,5 % (+33.9 milliards d'euros) grâce notamment au dynamisme de la masse salariale. Lequel explique par ailleurs l'augmentation de 6,5 % (+24,2 milliards d'euros) des recettes de cotisations sociales.
Toujours est-il que ce ratio PO/PIB record fait un peu tache dans le bilan d'Emmanuel Macron, qui, depuis son arrivée à l'Élysée en 2017, avait souhaité se démarquer de son prédécesseur en faisant de la diminution de la pression fiscale le socle de sa politique économique. En se présentant comme le champion des baisses d'impôts, que ce soit en faveur des entreprises afin d'améliorer leur compétitivité (avec la réduction de l’IS et l'allègement des impôts de production), mais aussi en faveur des ménages afin de soutenir leur pouvoir d'achat, à travers notamment la suppression de la taxe d'habitation, de la redevance télé ou encore des cotisations chômage et maladie. Autant dire que le chef de l'Etat va devoir expliquer avec beaucoup de pédagogie ce que représente l'assiette fiscale s'il veut réussir à convaincre les Français que leurs impôts ont baissé alors qu'ils n'en ont jamais autant payé.
Si ce pic historique atteint par les prélèvements obligatoires est passé sous les radars médiatiques, c'est aussi parce qu'il est difficile à exploiter politiquement par l'opposition. Il rend en effet parfaitement dérisoire le discours de la Nupes et du Rassemblement national selon lequel des décennies de politiques néolibérales auraient privé l'Etat français de l'essentiel de ses ressources financières. Il suffit de rappeler que le poids des prélèvements obligatoires n'était que de 33 % du PIB en 1970 pour en prouver l'absurdité complète.
Difficile aussi de prétendre, comme le font pourtant à longueur d'antenne les députés de La France insoumise, que la solution aux difficultés économiques actuelles, et le remède à la détérioration des services publics, est d'augmenter encore les impôts, alors que l'Etat n'en a jamais autant collecté et que la France est le pays de la zone euro où la pression fiscale est la plus élevée. En comparaison, le taux des PO est de 6 points inférieur en Allemagne, 7 aux Pays-Bas, 14 au Canada, 20 aux Etats-Unis et même 27 en Irlande.
«Il ne fait pas de doute qu'un impôt exorbitant équivalant par exemple en temps de paix comme en temps de guerre à la moitié ou même au cinquième de la richesse de la nation, justifierait, comme tout abus caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple.» Ce constat que faisait au XVIIIe siècle l'économiste écossais Adam Smith retrouve aujourd'hui toute sa pertinence dans le cas de la France. Le «ras-le-bol fiscal», pour reprendre la formule de l'ex-ministre des finances Pierre Moscovici, nourrit à l'évidence cette colère sociale et ce mal-être économique qui s'expriment à travers l'opposition massive à la réforme des retraites. Autant que l'inflation, la hausse des impôts et des taxes est l'ennemie du pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français, surtout lorsque ces derniers ont le sentiment que tout cet argent qu'ils versent à l'État est mal utilisé et n'empêche par exemple pas l'hôpital et l'école de gravement dysfonctionner.
«L'art de l'imposition, expliquait Colbert, consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris.» Avec un taux de prélèvements obligatoires record, son lointain successeur à Bercy devrait se méfier des cris de protestation et de souffrance des oies, qui en ont assez d'être fiscalement plumées. »
Gilles Bressière : en attendant une "démocratie éclairée" fondée sur des commissions citoyennes, il est urgent qu'un gouvernement "bisounours" cesse "d'emmerder les Français" et fasse de la pédagogie pour enfin faire les réformes qui sont nécessaires (y compris sur les retraites).
Quand la démagogie électoraliste induit des dégâts collatéraux exorbitants
Nicolas Baverez (Le Point n° 2644 du 6 avril 2023) :
« À l'horizon 2030, la France manquera d'au moins 4 millions de logements.
Le krach programmé du logement
Le logement joue un rôle décisif dans le niveau de vie des ménages - il représente un tiers de leurs dépenses - comme dans la qualité de la vie. Il est important pour l'économie, générant en France 10 % du PIB et 9 % des emplois. Il est une clé de la cohésion de la nation, car il détermine largement les trajectoires d'intégration ou d'exclusion.
Notre pays dispose d'un parc de 33 millions de résidences principales pour 68 millions d'habitants, ce qui fait apparaître un déficit de 2 millions de logements. A cela s'ajoutent les défaillances qualitatives de l'immobilier résidentiel. Notre pays compte ainsi 200 000 SDF et 4 millions de mal-logés. Les besoins s'élèvent à 450 000 logements neufs par an, en raison de l'évolution de la démographie et des exigences de rénovation. Mais les mises en vente se sont effondrées. À l'horizon 2030, la France manquera d'au moins 4 millions de logements. Avec pour conséquences l'alimentation de la bulle spéculative sur l'immobilier d'un côté, et un drame social qui nourrira l'extrémisme politique de l'autre.
Les causes de la crise sont multiples. L’impact de la hausse des taux d'intérêt a été dévastateur en 2022: il pèsera durablement, puisque la BCE a réitéré sa détermination à ramener la hausse des prix à 2 % dans la zone euro alors que l'inflation sous-jacente s'élève à 5,2 %. Mais le logement subit surtout un choc réglementaire et fiscal. La suppression de la taxe d'habitation se traduit par une explosion de la taxe foncière, dont la base va augmenter de 7 % partout en France. Les propriétaires sont ainsi appelés à financer l'intégralité des services des communes et des agglomérations que les locataires réclament avec d'autant plus de vigueur qu'ils n'en assument plus les charges. Pour les élus, l'accueil d'habitants supplémentaires ne représente désormais que des risques financiers et sociaux, sans activités ni recettes supplémentaires. Ainsi, depuis 2020, les autorisations de construction de logements collectifs ont diminué de plus de 10%. Le coup de grâce est en passe d'être porté par la conception de l'écologie placée sous le signe de la décroissance et du malthusianisme. Les métropoles dirigées par les écologistes - Lyon, Bordeaux, Strasbourg ou Grenoble - réduisent drastiquement les permis de construire, contribuant à alimenter la spéculation. Au plan national, la norme «zéro artificialisation nette des sols» limite et renchérit le foncier disponible. Surtout, le durcissement des normes énergétiques va provoquer le déclassement de plus de 7 millions de logements, dont les coûts de rénovation dépasseront de très loin la rentabilité potentielle. La promesse écologique se résume ainsi à une France de SDF.
Le krach du logement constitue l'un des pires passifs sociaux des quinquennats d'Emmanuel Macron, qui ne veut voir dans le secteur immobilier qu'un empilement de rentes et une vache à lait fiscale. Son poids dans l'économie et son rôle vital dans la stabilisation de la société justifient d'en refaire une priorité nationale. En arrêtant la course folle des impôts sur l'immobilier, au premier rang desquels la taxe foncière. En rendant aux maires une ressource propre permettant de financer les services publics accompagnant la hausse de la population. En prévoyant un calendrier réaliste et des aides significatives pour la rénovation énergétique. En instaurant des incitations pour la reconversion des bureaux en logements. En assurant la valorisation et la mobilité au sein du parc HLM. En supprimant les servitudes sociales qui renchérissent les logements privés.
La politique du logement, qui mobilise plus de 30 milliards d'euros avec une très faible efficacité, a vocation à être réorientée vers la production de logements pour répondre aux besoins de la population, et non pas vers l'attrition du parc. La programmation de la pénurie de logements et de l'explosion de leur coût va de pair avec l'envolée des prix de l'alimentation et avec la facture astronomique de la sortie non préparée de la voiture thermique. Au moment où le pouvoir d'achat des Français diminue, l'État planifie ainsi la paupérisation massive de la classe moyenne, et avec elle la montée de la colère sociale. Le mouvement des Gilets jaunes constituait une alerte prémonitoire. Mais aucune leçon n'en a été tirée. Il est urgent de le faire. »
Toute mesure démagogique a un coût parfois exorbitant notamment la suppression sélective de la taxe d’habitation pour obtenir un vote favorable des électeurs à l’élection présidentielle (cf. ci-dessus).
Pour accéder au pouvoir ou s'y maintenir, le politicien cherche à séduire le peuple dans l’insouciance de l’immédiateté tout en fermant les yeux sur les inévitables conséquences dévastatrices futures. L’homme d’État préfèrera, lui, faire de la pédagogie pour préparer un avenir réellement bénéfique pour son pays.
Délinquance tolérée et admise = France bloquée
S’il est un aspect qui n’est pas pris en compte par tous les commentateurs de la crise politique actuelle, c’est la délinquance tolérée et admise par notre système judiciaire.
La grève est un droit reconnu par la constitution mais les piquets de grève qui agissent, en toute impunité, par intimidation ou par la violence sont-ils légitimes ?
Que faut-il penser du Syndicat de la Magistrature qui s’offusque que des manifestants soient arrêtés par la police (sans être poursuivis pour autant) alors que leur présence tapageuse dans la rue, en petits groupes, n’était pas déclarée, donc pas autorisée ?
Que faut-il penser des députés qui, mécontents que leur motion de censure ne soit pas votée, brandissent des panneaux « RDV dans la rue » ?
Que faut-il penser de l’immense mansuétude de la Justice dont jouissent les casseurs, les incendiaires de voitures, les agresseurs des forces de l’ordre ?
Que faut-il penser du nombre dérisoire de reconduite à la frontière de migrants clandestins, pourtant sous le coup d’une expulsion judiciaire ?
Que faut-il penser des textes de lois stupéfiants dont les squatters bénéficient avantageusement au détriment de petits propriétaires lésés ?
Que faut-il penser de ces fonctionnaires qui n’appliquent plus les lois et qui accordent ou refusent arbitrairement des autorisations, en abusant de leur pouvoir, sans contrôle sérieux, et en toute impunité ?
Etc.
Délinquance tolérée et admise…
Ce que pensent les commentateurs de la crise actuelle
Avant l’adoption du texte de loi sur la retraite à 64 ans par le 49.3
Nicolas Stiel et Jean-Marc Jancovici (CHALLENGES N°778 du 16 mars 2023 ) :
« (…) En démocratie, le visionnaire qui va nous conduire vers un avenir radieux, ça n'existe pas, dit Jean-Marc Jancovici. Depuis Jacques Chirac, on a des présidents taillés pour arriver à l'Elysée mais qui, une fois élus, ne savent pas quoi faire du pouvoir. Aujourd'hui, il faut des pionniers intelligibles pour que les concitoyens pèsent sur le débat. Ce n'est qu'à ce moment là que le système politique qui ne respecte que le rapport de force pourra bouger. » Nous n'y sommes pas encore. Mais l'apôtre poursuit le combat en espérant évangéliser un maximum de militants. « L'important est d'avoir un plan, car à un moment la fête s'arrêtera, prévient-il. Et si rien n'a été organisé, le changement se fera sous la contrainte des événements extérieurs. C'est-à-dire dans la douleur.(…) »
André Comte-Sponville (CHALLENGES N°778 du 16 mars 2023 ) :
« (…) Si la France semble davantage bloquée que bien d’autres pays, alors qu’elle va économiquement plutôt mieux que beaucoup, c'est d'abord parce qu'elle est divisée, politiquement, en trois blocs d'importance à peu près égale et qui ont de moins en moins à partager; une gauche très à gauche (trop à gauche pour gouverner?), sous la houlette de Mélenchon, une droite très à droite, dominée, attirée ou fascinée par Marine Le Pen, avec entre les deux un centre hétérogène et déboussolé, de plus en plus incapable d'obtenir à lui seul une majorité.
Le temps où Giscard d'Estaing rêvait de rassembler « deux Français sur trois » (ce que lui-même, d'ailleurs, n'a jamais réussi) est derrière nous. Nous sommes bien plutôt confrontés à trois tiers incompatibles, chacun des trois manquant de cohésion et n'ayant d'autre but, voire d'autre justification, que d'empêcher le triomphe des deux autres. Comment faire une majorité dans ces conditions ? Comment gouverner sans devenir très vite impopulaire, minoritaire, voire passer pour « illégitime», puisqu'on n'a jamais été élu, dans le meilleur des cas, que par un Français sur trois?
Ajoutez à cela les mensonges de la gauche, qui fait semblant, depuis quarante ans, de croire que le «tournant de la rigueur », en 1983, n'était qu'une parenthèse (alors que c'est le programme commun de la gauche qui avait définitivement échoué), les rodomontades de la droite (qui veut se persuader que l'autorité suffit à tout) et la grande angoisse écologique, qui plane sur nous tous sans tenir lieu de programme crédible: on comprend que les Français soient moroses, inquiets, mécontents, et plus attachés à la défense de ce qu'ils ont qu’à des projets de réforme. (…) »
Après l’adoption du texte de loi sur la retraite à 64 ans par le 49.3
André Comte-Sponville (CHALLENGES N°779 du 23 mars 2023 ) : « (…) dans les rangs de la France Insoumise, quel tapage ridicule et indigne ! Qu'on chante La Marseillaise pour accueillir la Première ministre, je n'ai rien contre. Mais qu'on la rechante interminablement pendant son discours, entre moult cris et gesticulations, faisant tout (d'ailleurs sans succès) pour l'empêcher de s'exprimer, pour la déstabiliser ou la rendre inaudible, quel démocrate pourrait s'en satisfaire? C'était lui manquer de respect, en tant que cheffe du gouvernement, en tant qu'être humain et en tant que femme. J'ai eu honte, ce qui ne m'arrive pas souvent, d'être Français, et d'avoir pu voter (il est vrai il y a plusieurs années) pour certains de ces grossiers personnages, tellement pleins de haine, de mépris et de bonne conscience. La France et la gauche méritent mieux. »
Ghislaine Ottenheimer (CHALLENGES N°779 du 23 mars 2023 ) :
« (…) tout ne se résume pas à l'économie. Notre démocratie est malade. La Ve République est à bout. Les Français ont tout essayé, l'alternance, la cohabitation, le « et en même temps ». Pourquoi pas l'extrême droite? Tout le monde a en tête l'exemple italien, avec un scénario similaire: une réforme des retraites engagée par Mario Draghi, puis la victoire de Giorgia Meloni. En France, l'extrême droite a fait 33,9% en 2017, 41,5 % en 2022... Il reste trois ans pour contrer cette irrésistible ascension. Tous doivent y contribuer: les macronistes, mais aussi les socialistes et les Républicains, dont certains jouent la politique du pire. »
La Justice ne fonctionne pas de manière satisfaisante et la Ve République est en crise.
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Remède :
Si au lieu de chercher de vaines solutions auprès de politiciens dont la faillite est évidente on faisait enfin de la France un Etat de droit fondé sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Comment faire ?
En faisant appel à des Commissions Citoyennes Ethiques, composées de jurés tirés au sort et réunis par visioconférence après avoir été informés de toutes les opinions par les représentants des différents partis et de plus éclairés par des experts reconnus. Pour en finir avec les idéologues toxiques et leur pensée binaire (tout est ou noir ou bien blanc sans aucune nuance de gris), les jugés tirés au sort devraient faire un exercice préalable en cherchant dans les diverses opinions qui leur sont proposées ce qui leur semble exact et ce qui leur semble inexact, ce qui leur semble positif et ce qui leur semble négatif sans exclusive. Un moyen d’accéder à la compréhension de la complexité des réalités réelles. Autant la contestation, avec ses cortèges de manifestants, pouvait être considérée comme légitime avant le vote par 49.3, pour améliorer le texte de loi, même si elle n'était pas toujours réaliste, après le vote de pousser le peuple à l'insurrection n'est plus du tout légitime, dramatique pour l'image de la France et pourrait être assimilé à faire l'apologie de la délinquance.
Ci-dessous une analyse de Peggy Sastre (Le Point N° 2642 du 23 mars 2023) qui permet d’appréhender la France insurrectionnelle actuelle par le côté démoralisant et agressif de la pensée unique largement diffusée par des idéologues toxiques incapables de compromis.
Restaurer l'autorité de l'Etat, c'est indispensable, surtout si cette autorité devait être fondée sur ce nouveau système de démocratie qu'il est urgent de créer, avec des solutions prises en commun dans la sérénité et le respect, par des groupes de citoyens désignés par tirage au sort : un vrai service civique national, enfin... (Ceux qui pensent qu'on a tout essayé pour gouverner la France ont donc tort.)
Car le désastre ci-dessous aurait-il pu avoir lieu si l'on avait consulté des Français tirés au sort, représentant la diversité de la population sous forme groupes de jurés qui débatraient sereinement pour analyser et peser les diverses propositions contradictoires qui leur seraient soumises ?
Pas de démocratie sans classe moyenne
PAR PIERRE VERMEREN Il a notamment écrit La France qui déclasse (Tallandier)
Abandon. Pour l'historien, la désindustrialisation a appauvri les Français et discrédité la politique.
La grande dépression française n'est pas qu'une affaire de psychologie et de nostalgie pour la grande nation. Elle touche le pacte républicain au cœur, dans sa double composante politique et socio-économique. La république fut une promesse d'égalité politique et d'ascension sociale. Le XIXe siècle a construit la première, l'après-guerre la seconde. La grande croissance nous a fait passer d'une société de notables (encore 5 % de cadres en 1945 pour 70 % d'ouvriers et de paysans) à une société de consommateurs, appartenant pour 60 % à la classe moyenne: une classe bien logée, bien éduquée, bien soignée et disposant de loisirs. Le passage de 5 à 20 % de cadres consolidait la perspective prochaine de l'ascension sociale. Tout cela a pris fin.
L'effondrement de la classe moyenne, la fin de l'ascenseur social, l'affaissement des grands «services publics» (dont le terme est prohibé à Bruxelles) et la désintégration sociale des classes populaires en sont les symptômes. Que s'est-il passé hors des bienheureuses métropoles, pour 75 % de la population française?
Notre classe dirigeante politique, financière et économique, a brutalement décidé il y a quarante ans de rompre avec le modèle productif qui a fait la fortune et la puissance de la France. Allemands, Suisses, Italiens ou Japonais n'ont pas fait ce choix: il nous appartient. Nous avons opté pour une économie de services, au point d'en devenir le champion européen. Nous sommes à la fois le champion des services aux entreprises, qui font la fortune du CAC40, et celui des services à la personne (économie sociale, tourisme et grande distribution). Nous avons choisi de développer une économie clivée: des cadres (services aux entreprises) et une main-d' œuvre sous ou non qualifiée (d'où le recours à une immigration de masse qui, malgré le chômage de masse, fournit des bras et des consommateurs).
À quoi avons-nous renoncé par ce pacte faustien? Au modèle productif national et à une société de libres producteurs; à une société démocratique structurée par la classe moyenne; à l'indépendance économique et financière; et à une société socialement et spatialement harmonieuse. Comment?
En renonçant à la production au profit d'une consommation à outrance (car un endettement croissant est nécessaire depuis 1973 pour soutenir notre nouveau modèle économique), nous avons sacrifié notre industrie et notre agriculture. En témoigne - à l'inverse des pays déjà cités - notre abyssal et croissant déficit extérieur. Nous n'avons conservé que le luxe (à forte valeur ajoutée), les industries de défense (pour des raisons stratégiques) et le BTP (car il produit des biens de consommation financés par les banques). Tout le reste a été délocalisé ou presque; on assiste aujourd'hui médusés à la liquidation de ce qui demeurait de l'agriculture française (hors céréales).
En supprimant des millions de producteurs et d'emplois sur le territoire (ouvriers qualifiés, techniciens, cadres et ingénieurs de l'industrie, agriculteurs, etc.), nous avons créé un triple mouvement géographique et social: la polarisation et le regroupement des ingénieurs et des cadres dans une douzaine de métropoles devenues les capitales de la tertiarisation; l'effondrement économique des anciennes régions industrielles et agricoles, vouées à l'appauvrissement et à la désertification si elles ne sont pas des spots touristiques; la dislocation de la classe moyenne, liée au fait que les nouveaux métiers sont polarisés. Fini le petit commerçant indépendant: il faut être cadre commercial, ouvrier de caisse ou manutentionnaire. Fini le petit patron agricole: il faut être camionneur ou acheteur international. Fini le contremaître d'usine: il faut être chef d'agence ou technicien de surface. Trois millions de jeunes âgés de 15 à 30 ans ne sont ni l'un ni l'autre: ils sont des inactifs structurels sans avenir (des NEET). Car l'effondrement de la classe moyenne induit le gonflement d'un étrange lumpenprolétariat de consommateurs sans travail ni activité légale. (Le Point n°2642 du 23 mars 2023)
Une Commission Citoyenne éclairée aurait-elle pu proposer une politique aussi stupide ?
Retrouver le vécu d'un entrepreneur victime de cette aberration gouvernementale et administrative (de la page 1 à 118 : reconstruction d'une entreprise régionale de production ; de la page 119 à 168 : destruction par les services de l'Etat) : cliquer Ici
État faible : berceau des idéologues toxiques
Un État fort n’est pas antinomique d’une vraie démocratie, au contraire, surtout si celle-ci s’appuie sur des Commissions Citoyennes composées de membres tirés au sort.
Pour éviter la pensée binaire des militants pour qui tout est ou noir ou blanc, sans nuances, s’impose la contribution de jurés d’origines diverses qui ont eu la possibilité de comparer préalablement des exposés contradictoires reflétant toutes les opinions. Ils seront réceptifs à la compréhension de la complexité d’un problème et seront plus enclins à élaborer ensemble des solutions pertinentes. C'est le meilleur moyen de corriger les aberrations administratives.
Géraldine Wœssner (Le Point n°2641 du 16 mars 2023) :
« (…) Dès l’Antiquité, de vastes ouvrages ont été construits pour sécuriser la ressource en eau. Ils se sont remarquablement développés au XIXe, accompagnant l'expansion démographique et l'industrialisation. C'est à cette époque qu'ont émergé les projets de barrage dans le Roussillon, sur la Durance et le Verdon, celui de transfert de l'eau du Rhône vers la plaine du Languedoc... «Sans les grands investissements de Napoléon III, il n'y aurait pas d'eau dans la Drôme », rappelle le président d'Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, dont la région jouit encore, des barrages alpins (Serre-Ponçon, Verdon...) au canal de Provence, des bénéfices de réalisations colossales. «Par quelle aberration arrive-t-on à célébrer ces ouvrages du passé tout en refusant absolument toute nouvelle construction, même d'une simple retenue d'eau ?» s'interroge Sylvie BruneI.
En réalité, la France retient assez peu l'eau qu'elle reçoit, constatait en septembre dernier un rapport du Sénat: «Seulement 4,7 % du flux annuel d'eau est stocké en France, alors que l'on atteint presque 50 % en Espagne.» De la même manière, elle irrigue peu: 6,8 % des surfaces agricoles sont irriguées, selon les données (2020) du dernier recensement agricole, contre plus de 20 % en Italie et l5 % en Espagne. Une situation qui la place, au seuil de bouleversements majeurs, en relative situation de force, les habitudes d'économies étant déjà bien ancrées dans de nombreux secteurs. L'indice d'exploitation de la ressource en eau, qui définit le rapport entre la ressource en eau captée chaque année et la totalité des ressources disponibles à long terme, atteint seulement 6,14 % en France, selon les données d'Eurostat, contre... 23,7 % en Espagne.
Comment expliquer, dès lors, que la France ait pris un tel retard? Son administration, d'abord. La politique de l'eau s'articule autour d'un écheveau complexe impliquant à la fois les ministères, les directions d'administration, plusieurs établissements publics nationaux, les instituts de recherche, tous les niveaux de collectivités territoriales et différentes formes de groupements de collectivités, chapeautés à l'échelle de 12 grands bassins hydrographiques (dont 7 en métropole) par les agences de l'eau, et, au niveau local par différents services de l'État. Une organisation à la fois «complexe et incohérente », étrille la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel, conduisant à des politiques parfois «contradictoires », chaque ministère - Agriculture, Énergie, Environnement - ayant tendance à défendre ses propres intérêts. «En réalité, le système est tellement complexe qu'il n'est maîtrisé que par un petit nombre de personnes qui s'arrogent tous les pouvoirs », dénonce Laurent Wauquiez, excédé d'être régulièrement entravé dans ses projets d'adaptation. « Un fonctionnaire local un peu idéologue peut bloquer un dossier. Et les agences de l'eau sont toutes-puissantes », soutient-il, encore marqué par le refus du président de l'agence de l'eau Loire-Bretagne de soutenir des projets d'irrigation pourtant officiellement portés par le gouvernement. «Je milite pour une véritable décentralisation s'appuyant amplement sur le couple région-département», plaide de son côté la présidente (PS) de la région Occitanie Carole Delga.
La législation, ensuite. Les projets de nouvelles retenues, notamment, se heurtent à une réglementation complexe issue de la loi. (…) »
Émilie Trevert (avec Erwan Seznec) (Le Point n°2641 du 16 mars 2023) :
« (…) « Folie idéologique ». Depuis une dizaine d'années, la politique de continuité écologique a conduit à la destruction (largement subventionnée) de 1400 ouvrages, selon le ministère. « Si l'on prend la totalité des rivières, d'après les données de l'Office français de la biodiversité, 4 300 seuils ont été totalement détruits et 7 800 partiellement détruits », assure Pierre Meyneng, président de la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins (Ffam). Un article de la loi climat et résilience a cependant freiné ce mouvement en interdisant la destruction des moulins à eau, en 2021. Pour ses défenseurs, c'est une question de bon sens. «L'hydraulique des rivières en France a sept siècles, et elle est parfaitement adaptée à la saisonnalité de notre climat» estime le président de la Ffam, qui ne décolère pas face à cette «folie idéologique» qui consiste à «renaturer» les rivières et à considérer que «retenir l'eau est antinaturel».
Il va plus loin: «C'est une catastrophe écologique! La politique menée depuis dix ans a fortement aggravé la pénurie d'eau. En cassant ces seuils, on abaisse drastiquement le niveau de l'eau, qui s'écoule plus vite et ne nourrit plus suffisamment les nappes alluviales [nappes souterraines qui accompagnent la rivière, NDLR].» Résultat, selon des géologues: de plus en plus d'assecs estivaux. Pour preuve, il cite l'exemple de la Vire, un «cas d'école»: «Sept petits ouvrages ont été détruits sur cet affluent de la Manche alors qu'ils produisaient l'équivalent de la consommation é1ectrique annuelle d'environ 3 000 personnes, une énergie renouvelable et propre. Et les aloses, principaux poissons migrateurs du fleuve, sont passées de 9 000 en 2015 (date de la première destruction) à l 000 en 2022! Il n'y a plus d'eau l'été, donc plus de poissons...» Ironie de l'histoire: à quelques kilomètres des ouvrages rasés, un barrage provisoire a dû être monté en urgence cet été pour rehausser le niveau du fleuve et garantir l'approvisionnement en eau potable. Il n'a été démonté que début mars.
Pourtant, la Vire est citée par le ministère comme un exemple de réussite de cette politique, avec une répartition du saumon qui aurait «progressé vers l'amont et où l'on retrouve deux à trois fois plus de juvéniles et trois fois plus de saumons adultes que dans les années 1980-1990». Qui croire? «On nous ment tout le temps, tout ça pour camoufler une énorme erreur! s'emporte Ludovic Panneau, président de l'Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). C'est un suicide écologique !» Pour lui, les aménagements faits par l'État sont responsables de l'assèchement du Thouet. «On a dépensé plus de 1 million d'euros pour avoir des poissons qui crèvent l'été!» Plus de 500 morts cet été, recense-t-il. Pour connaître la cause de cet excès de mortalité, Ludovic Panneau, qui a une formation en gestion et protection de la nature, a fait réaliser des prélèvements d'oxygène sur cet affluent de la Loire. «Résultat: là où on a cassé des barrages, côté Maine-et-Loire, le milieu est néfaste pour la faune et la flore, c'est l'asphyxie complète ! Le faible niveau d'eau réchauffe l'eau et accélère le développement d'algues invasives ; or trop d'herbiers tuent le poisson. Quelques mètres plus loin, côté Deux-Sèvres, qui a un niveau d'eau normal, on n'avait pas de mortalité malgré la sécheresse. » (…) »
Un État faible pousse à la violence
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Lors des manifestations de Sainte-Soline contre les bassines, fin octobre 2022, 61 gendarmes ont été blessés dont 22 grièvement. « Des parlementaires poussent à la roue », dénonce Daniel Sauvaitre, président de l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP).
La réponse pénale est toujours dérisoire contre les auteurs de ces agressions scandaleuses.
Là encore, une Justice laxiste, symptôme de la faiblesse de notre État, serait très avantageusement remplacée par des jurés populaires. Une juste sévérité calmerait les esprits. Un manifestant violent, qui blesse un représentant des forces de l’ordre, devrait être sévèrement condamné, notamment en versant une pension à vie à sa victime. Toucher au porte-monnaie est toujours dissuasif. Quand un élu pousse à la violence, la sanction devrait être immédiate : la révocation sur le champ de son mandat.
Dans une démocratie exemplaire il est permis de penser même à des idées les plus farfelues et de pouvoir exprimer librement son opinion. Que l’on soit anticapitaliste ou libéral, si cela concerne un sujet posé à une Commission Citoyenne, on a le droit de chercher à en convaincre les membres tirés au sort. En revanche le recours à l’intimidation ou à la violence devrait être totalement proscrit (quoique difficile à pratiquer sur des jurés anonymes réunis en visioconférence mais qui restent invisibles pour ceux qui exposent leurs idées pour les convaincre).
Une démocratie apaisée et bien informée avec des décisions prises en groupe par des personnes tirées au sort, voilà une innovation qui mérite d’être proposée par referendum.
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Il y a urgence à réparer la France.
Il faudrait pouvoir neutraliser les idéologues toxiques à l’aide de Commissions Citoyennes. Quand la CGT fait croire que les éboueurs ont une espérance de vie inférieure de 13 à 17 ans à celle des autres travailleurs, ça ne passerait pas devant des jurés tirés au sort bénéficiant d’une vraie information en ayant accédé aux réalités des statistiques : les éboueurs ont la même espérance de vie que les ouvriers mais effectivement 3 ans de moins que les cadres. Quand Corinne Lepage annonce sur Arte que les eaux de refroidissement d’un réacteur nucléaire pompée dans une rivière ou dans la mer ressortent radioactives, ça ne passerait pas non plus devant un groupe de citoyens éclairés. Mais en revanche il est notoire qu’à La Hague, l’usine de retraitement des déchets nucléaires, l’eau relâchée dans la mer n’est pas exempte de reproches mérités. Etc.
La grève, oui, mais les piquets de grève, avec une minorité agissante qui use de la force ou de l’intimidation, sont-ils encore démocratiques ? Qu’en penseraient des Commissions Ethiques Citoyennes ?
Quand les députés de LFI (La France Insoumise) se lèvent en brandissant des pancartes "Rdv dans la rue" à la fin du vote qui rejette leur motion de censure, est-ce bien le respect de la démocratie ? De pousser implicitement à la violence, avec 300 policiers et gendarmes blessés durant les manifestations contre la retraite à 64 ans, est-ce acceptable ? Quand 6% d'éboueurs grévistes bloquent la sortie de camions poubelles ou qu'une toute petite minorité de cégétistes bloquent toutes les raffineries, est-ce une expression normale de la démocratie ou bien est-ce de la délinquance admise comme normale ? Voilà des questions qu'il faudrait pouvoir poser à des Commissions Ethiques Citoyennes. C'est à dire donner enfin la priorité au bon sens...
Ce cancer technocratique qui ronge nos finances
Benoît Perrin - Directeur de "Contribuables associés" : pétition qui circule sur le Net :
Cher contribuable, chère contribuable,
Comment réagiriez-vous si je vous annonçais que vous étiez atteint d’un cancer, mais que le traitement ne pourrait commencer que dans 920 jours ?
Vous trouvez ça long ? Bienvenue en France !
920 jours, c’est le temps que les administrations européennes et françaises mettent à autoriser un nouveau médicament à entrer sur le marché en France.
Au-delà des vérifications indispensables, le problème ne vient pas que de Bruxelles. La France arrive 21e sur les 28 pays membres en rapidité pour la mise en circulation de nouveaux médicaments.
Cette mollesse franco-française, on la doit à l’Agence du médicament (la même qui avait causé le scandale du Mediator en 2009 !).
Pour justifier ses 150 millions d’euros de budget et ses 1000 salariés, ses bureaucrates font le choix de refaire en double toutes les procédures de contrôle de l’Agence européenne des médicaments.
Après tout, pourquoi se priver ? C’est le contribuable qui paie !
La nouvelle trouvaille de l’État pour vous saigner à blanc ? Des usines à gaz indéboulonnables et gavées de deniers publics qui sont censées augmenter l’efficacité de l’administration : les agences de l’État.
Derrière ce terme technico-fumeux se cache toute une toile d’officines au statut légal douteux, aux compétences pas claires et au financement public des plus massifs.
Malheureusement pour nous tous, cet empire du gaspillage est omniprésent…
…et continue à grossir.
Et comme toujours, ce sont les contribuables qui doivent régler la note du scandale, évaluée à 96 milliards d’euros pour l’année 2019.
Les agences de l’État, un coffre-fort dont on a jeté la clé
Une agence, c’est quoi ? Malgré le marécage abracadabrantesque de définitions, on dénote pas moins de :
• 437 opérateurs, organismes distincts de l’État mais payés et gérés par lui, pour sous-traiter sa politique. On y trouve Pôle emploi, mais aussi de véritables planques, telles que l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur, qui emploie 87 personnes à temps plein pour classer des catalogues numériques.
• 317 commissions diverses, aux fonctions souvent grotesques, comme la Commission nationale du débat public, un « machin » intégralement inutile, au budget pharaonique de 10 millions d’euros par an !
• Près de 700 structures diverses et souvent indéboulonnables, comme le très baroque « Conseil consultatif de gestion du corps des administrateurs des postes et télécommunications », mis en place en 1994 et à l’utilité douteuse…
• À eux seuls, en 2023, les opérateurs représenteront 489 000 personnes en équivalents temps plein (ETP), soit 20 % de la masse salariale de l’État.
Cet empilement d’agences n’est pas seulement un gouffre financier à 100 milliards d’euros par an mais également un mic-mac total, dans lequel les doublons sont légion.
Vous ne savez probablement pas ce qu’est la Commission des comptes commerciaux de la Nation…
…et c’est bien normal, puisqu’il s’agit d’un clone inutile de l’INSEE !
Sans prêter aucune attention à la santé budgétaire du pays ni à l’efficacité de son administration, ils empilent des comités Théodule sur des planques bureaucratiques.
Chaque année, la Commission nationale des prothésistes et orthésistes pour l’appareillage des personnes handicapées a pour activité principale d’organiser une conférence par an — le tout pour la modique somme de 130 000 euros !
Mais tout ça, ce n’est rien à côté de la catastrophe programmée des Agences Régionales de Santé (ARS). Créées en 2010, ces hyper-machins technocratiques ont brillé par leur gestion lamentable de la crise du Covid-19…
…missions floues, gestion opaque, effet doublon avec d’autres structures comme la Direction générale de la Santé ou la Haute Autorité de Santé…
Les ARS illustrent à merveille le désastre de la gouvernance par les agences.
Des hommes politiques de tout bord ont dénoncé cette incurie :
• François Baroin, ex-président de l’Association des maires de France, membre des Républicains estime que l’ARS avait « explosé en vol ».
• Benoît Simian, anciennement député de Gironde (LREM), déclarait au Parisien, que les ARS sont « un vrai pouvoir de nuisance ».
• Hervé Féron, maire socialiste de Tomblaine (Meurthe-et-Moselle), déclarait : « J’ai fait une demande de masques à l’ARS du Grand Est début mars [...]. J’ai envoyé des courriels, et même un SMS au directeur général, je n’ai jamais reçu de réponse ! »
L’hôpital a été sacrifié sur l’autel de l’obésité administrative : en France, plus de 35 % des emplois hospitaliers ne sont pas médicaux, contre 24 % en Allemagne
Le contribuable français se retrouve piégé entre le marteau et l’enclume
Il supporte des impôts de plus en plus lourds qui financent une administration de moins en moins efficace.
Cette pagaille, ce sont encore les Premiers ministres successifs qui en parlent le mieux :
« La multiplication d’organismes dotés d’une certaine autonomie à l’égard du gouvernement finit par être préjudiciable à l’action de l’État. »
Jean-Marc Ayrault en 2013, alors Premier ministre de François Hollande
« La multiplicité de ces structures - qui comptent pour certaines un très faible nombre d’agents - nuit à la lisibilité et à la cohérence des missions des administrations centrales. »
Édouard Philippe en 2019, à l’époque Premier ministre d’Emmanuel Macron.
Saluons leur sens de l’euphémisme !
Devant l’ampleur du désastre, les gouvernements ont appelé chacun leur tour à réduire le nombre de ces agences et à leur imposer des impératifs de résultat.
Mais les vœux pieux de rationalisation sont restés lettre morte :
• Entre 2012 et 2017, la masse salariale de ces agences est passée de 25 à 30 milliards d’euros, soit une augmentation de + 20 % !
• Si certaines agences ont été supprimées depuis quelques années, d’autres ont dans le même temps été créées, comme la Commission nationale des professions foraines et circassiennes en 2017. Un vrai cirque !
• Ces contrats d’objectifs sont largement inutiles, comme le raconte Jean-François Colin, conseiller-maître à la Cour des comptes : « Lorsqu’on a participé à la rédaction de ces documents, on sait à quel point ils sont creux et ne représentent en rien un moyen de contrôle de l’État sur ses opérateurs. »
Prenons exemple sur le Royaume-Uni : depuis le début des années 2010, le Parlement a exigé la suppression de plus des deux tiers des 305 agences publiques. Un modèle !
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Commentaire de Gilles Bressière (4 mars 2023) :
Les agences de l’État : encore des entités qui pourraient être soumises à un contrôle citoyen. Dans une démocratie éclairée exemplaire il faudrait que soient instaurées des commissions composées de jurés tirés au sort, réunis par visioconférence, qui statueraient chacune sur chaque agence de l'État après en avoir reçu au préalable tous les avis différents y compris celui du haut responsable de l'agence de l'État considérée. On pourrait y ajouter un remplacement avantageux, celui du CESE, cette assemblée dispendieuse et peu écoutée, par la réunion de plusieurs Commissions Citoyennes planchant sur le même sujet. Une proposition unanime serait un gage de sérieux.
Pourquoi la France est-elle incapable de se réformer ? : parce que son État est faible.
Comme l’exprimait, Jean-Paul Delevoy, ancien ministre, qui en sait quelque chose, les dirigeants français sont plus friands des avantages et des privilèges attachés à leur fonction que de vouloir en assumer la fonction. Dès que des difficultés se présentent à eux d’où qu’elles viennent : courage fuyons !
Il faut dire que les difficultés viennent de très fortes parties.
La bureaucratie est un État dans l’État qui terrifie nos politiciens.
Les ministres passent alors que les hauts fonctionnaires, indûment protégés car inamovibles, restent toujours en place même s’ils sont notoirement incompétents.
De même, l’immobilisme forcené des syndicats français qui sont autorisés à paralyser le pays pour faire aboutir leurs revendications les plus corporatistes et les plus irréalistes, le font par la brutalité la plus extrême et dans l’impunité totale : c’est l’instauration perpétuelle de l’État de force.
Dans la guerre économique mondiale que se livrent les nations, les tracasseries technocratiques qui affaiblissent nos entreprises et les grèves à répétitions fomentées par des syndicalistes idéologues pour inciter à une forme de violence séditieuse des fonctionnaires particulièrement bien placés (il suffit de très peu de grévistes pour tout bloquer), irresponsables parce qu’inamovibles, on pourrait assimiler toutes ces exactions à de la haute trahison.
Le peuple excédé par tant de contraintes administratives et tant de taxes et d’impôts, laisse déborder sa colère en soutenant tout ce qui peut embêter l’État y compris en soutenant les grévistes qui leur infligent pourtant de cruelles difficultés.
Appliquer les sanctions réservées au traîtres en temps de guerre serait certes exagéré, mais...
Si l’on décrétait que les fonctions essentielles assumées par l’État interdisaient le droit de grève avec en contrepartie des avantages spécifiques comme ceux de l’armée et la police (le droit de grève ne serait réservé qu’aux autres salariés moins protégés). Car comme la guerre contre la délinquance pratiquée par la police ou celle des armées pour protéger les intérêts vitaux de la France, la guerre économique impose la pérennité des transports et de l’énergie et donc la sécurité de ces deux fonctions qui devraient devenir strictement régaliennes et impératives.
Là encore, plusieurs Commissions Citoyennes, indépendantes les unes des autres, pourraient étudier quelles contreparties accorder aux salariés des transports (ferroviaires, routiers, etc.) et à ceux de la distribution de l’énergie pour abandonner leur droit de grève.
Les négociations devraient se faire avec des salariés tirés au sort (comme avec les jurés tirés au sort) et surtout pas avec les habituels syndicalistes irresponsables, idéologues toujours enragés à en découdre systématiquement plutôt qu’à rechercher un compromis juste et durable. Le fonctionnaire de base aurait bien la garantie de l’emploi (privilège qui déjà mérite l’abandon du droit de grève) mais pourrait éventuellement être muté pour être affecté dans un service plus utile tout en respectant un droit à rester près de son domicile (ou à changer de lieu s’il le désire personnellement).
Quant aux hauts fonctionnaires, jusque là inamovibles et occupés essentiellement à faire carrière : terminée cette protection indue, pour rester en place ils auraient l’obligation, comme actuellement dans le privé, de rendre des comptes devant des Commissions Citoyennes pour démontrer que le fruit de leur travail est réellement utile à la collectivité.
Ce serait enfin les bonnes solutions pour instaurer une démocratie éclairée et exemplaire, comprenant des citoyens devenus tous responsables, afin d’œuvrer efficacement et uniquement au profit du bien commun. Et surtout en finir avec le déni du réel et la perte de la raison prônés par les grands démagogues, extrémistes de droite comme de gauche, bénéficiant d'une audience démesurée avec le soutient d'une majorité de médias devenus totalement irresponsables ! Pensée magique et délires comme, par exemple, cette idéologie de la décroissance qui est la lubie d'Occidentaux privilégiés et bien nourris, ayant l'indécence de prôner la frugalité à des milliards d'êtres humains vivant dans la misère ! (Pierre-Antoine Delhommais).
L'émergence issue d'un groupe* composé de jurés divers mis au courant de toutes les opinions et débattant dans la sérénité et sans outrance, voila l'avenir... ou bien, au contraire, le futur sera très sombre si le totalitarisme avec ses mythes et ses injonctions ravageuses devait être définitivement la seule forme de pouvoir, utilisant la puissance orwellienne d'un contrôle des citoyens par le Big Data...
* Cf. l'essai "L'horreur judiciaire - Au nom du peuple français" page 79 sur l'émergence d'un groupe pluridisciplinaire. Il est facile de comprendre qu'une équipe de jurés tirés au sort qui n'a rien à gagner ni à perdre en statuant ensemble sur une question posée sera, elle, plus libre d'apporter une réponse pertinente qu'une personne risquant sa carrière à proposer quelque chose qui dérange les habitudes de ceux qui sont en place et qui s'accrochent à l'immobilisme.
Le PNF, un parquet politisé qui flingue la démocratie
Franz-Olivier Giesbert (Le Point n° 2636 du 9 février 2023) :
Nous vivons dans un temps où tout est sens dessus dessous: les valeurs sont inversées, les coupables devenant des innocents ou réciproquement. Le pire est qu'on s'habitue. Pour preuve, la molle indifférence accueillant, samedi, la nouvelle du futur procès pour «favoritisme» d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail, pour une vieille histoire de marché public de traitement de l'eau quand il était maire d'Annonay. Une «information» qui tombe à pic, alors qu'il est en première ligne pour la réforme des retraites, à l'Assemblée nationale.
Un bel exemple de «justice» politique. Alors que la majorité des magistrats fait bien son travail, voilà une «révélation» qui pose à nouveau la question de l'existence du Parquet national financier d'où vient, comme par un étrange hasard, la «fuite» qui a profité à Mediapart. N'est-il pas temps que l'Etat en finisse avec cette déplorable instrumentalisation de la justice et vende pour un euro symbolique le très politisé PNF à Mediapart dont on ne sait s'il en est le bras, le cerveau ou l'excroissance? Est-il sain, pour la démocratie française, que ce comité (de salut public) de juges ultramilitants ne donne ses «informations» qu'au site d'extrême gauche, voire au Monde, ce qui en dit long sur ses penchants?
Le PNF, c'est encore une séquelle du tragique quinquennat de François Hollande. Tout le contraire d'une justice exemplaire. Tout le contraire d'une démocratie exemplaire.
Encore un domaine de l'institution judiciaire qui pourrait être avantageusement remplacée par des jurés populaires qui statueraient suite à une révélation d'un soupçon dont la source pourrait être diverse, cela en respectant scrupuleusement le secret de l'instruction. Mais si cette proposition semble trop audacieuse rien n'empêche, pour composer le PNF, de tirer les magistrats au sort, donc politiquement divers, pour une durée limitée à une seule procédure au lieu de nommer systématiquement des ayatollahs d'extrême gauches inamovibles.
Le secret de l'instruction est un pilier de l'Etat de droit qui permet d'éviter de clouer au pilori un innocent. Ne pas le respecter est une forme de délinquance qui devrait être passible d'une lourde sanction. L'impunité actuelle est un scandale qui contribue au fort discrédit de cette Justice sans éthique qu'il est urgent de réformer.
Justice en roue libre
Nicolas Bastuck (Le Point n° 2634 du 26 janvier 2023) :
La légèreté avec laquelle la justice a suivi William Malet, 69 ans, avant qu'il n'attaque le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, assassinant trois personnes, le 23 décembre à Paris, est proprement insensée. La première condamnation de ce cheminot retraité remonte au 29 juin 2017. Jugé pour «port d'arme prohibé», le tribunal correctionnel de Bobigny lui avait infligé la peine de six mois de prison avec sursis, avec interdiction de détenir un calibre durant cinq ans. William Malet n'ayant pas daigné se présenter, ses juges l'ont condamné en son absence. Comme une enquête du Point* l'a montré, cette décision ne lui sera signifiée que quatre ans plus tard, le 27 avril 2021, par voie d'huissier. Elle n'a pas été transmise aux services du casier judiciaire, ni au Fichier national des interdits d'acquisition et de détention d'armes (Finiada), géré par le ministère de l'Intérieur et accessible aux services de police, armuriers et fédérations de tir. En toute impunité, Malet a pu continuer ainsi à s'adonner aux joies de la gâchette, dans deux clubs de Paris et Versailles.
Il n'est pas sûr que son inscription au Finiada aurait calmé sa violence, mais le peu de cas que l'institution judiciaire fait parfois de ses décisions en dit long sur le mal qui la ronge. Aux audiences de comparutions immédiates, où les délinquants sont jugés à la chaîne, les prévenus semblent parfois découvrir, à la lecture de leur casier, les peines avec sursis qui leur ont été infligées avant qu'ils ne récidivent. Comment leur reprocher de mépriser ces avertissements, quand les tribunaux eux-mêmes semblent prendre leurs jugements par-dessus la jambe, au point de mettre quatre ans à les notifier? Interrogé sur ces manquements, le parquet de Bobigny a évoqué des «retards dans la chaîne pénale liés au problème d'effectifs et à la masse des dossiers ». Entre Courteline et Kafka, on ne sait trop où situer pareille incurie...
Rémy Heitz, procureur général à la cour d'appel de Paris, n'a pas tort quand il indique (au Monde, le 4 janvier) qu' «il est toujours difficile de relire des faits a posteriori». Cet exercice peut conduire au populisme pénal et à la démagogie. Seulement voilà: la justice a récidivé, avec William Malet. Un an avant de s'en prendre à la communauté kurde, il avait attaqué au sabre un camp de migrants, le 8 décembre 2021, à Paris. Lacérant plusieurs tentes à l'aveugle, il avait blessé ensuite un mineur et un adulte. Mais il n'avait pas l'intention de les tuer, peut-être voulait-il leur faire peur, voire un peu mal... Telle fut, en tout cas, l'analyse du procureur, qui disqualifia les faits en «violences racistes avec arme », écartant la tentative de meurtre. Tout est question d'appréciation, mais il y a tout de même un petit souci: la «correctionnalisation» de cette affaire limita sa détention provisoire à un an - trois ans auraient été possibles avec une qualification criminelle. Ainsi, William Malet fut remis dehors le 12 décembre 2022.
Onze jours plus tard, il semait la mort rue d'Enghien, armé de son Colt45. Cette attaque n'a pas reçu la qualification terroriste que la communauté kurde attendait. « Un tel acte peut troubler gravement l'ordre public, sans que l'intention de l'auteur soit nécessairement de terroriser ou d'intimider», a justifié le parquet antiterroriste.
Reprenons: Malet a été interdit d'armes, mais il ne l'a appris que quatre ans plus tard, et le fichier de police n'en a jamais rien su. En fonçant sabre au clair sur un camp de migrants, il ne voulait tuer personne et, en mitraillant un centre communautaire, son «intention» n'était pas de terroriser qui que ce soit. Alors, une question nous vient: maintenant qu'ils ont obtenu d'importants moyens (7,5 milliards de plus en cinq ans), les juges vont-ils enfin se décider à mettre un peu de responsabilité dans la gestion de cette «chaîne pénale» que plus personne ne semble contrôler ? Vont -ils se résoudre à rendre la justice, plutôt que des jugements vains, sans suivi ni lendemain?
* Publiée sur lepoint.fr le 20 janvier.
Des jurés, vous dis-je... Des jurés sans tarder !
Des Commissions Ethiques vous dis-je... Des Commissions Ethiques sans tarder !
Une société dont l'administration et la justice ne sont pas fiables, dont la majorité des citoyens ignorent tout des lois économiques et sont soumis au matraquage des mensonges proférés par des politiciens et des syndicats sans scrupules, risque des lendemains qui déchantent très gravement.
François Guinot a écrit dans "La puissance et la peur" aux éditions du cerf page 403 : "L'allongement du temps de travail et la réduction du nombre des chômeurs sont deux leviers évidents pour accroître le nombre des actifs. Comment depuis tant de temps, gaspiller en France tant d'énergies et organiser tant de vaines concertations autour du vrai problème du financement des retraites pour bricoler de fausses solutions ? Chacun des acteurs dans ces absurdes jeux de rôle sait qu'in fine, la contribution des actifs devra supporter le coût croissant des dépendants."
(Où l'on voit que François Hollande, après avoir flingué le nucléaire, flingué la justice en l'utilisant pour abattre ses adversaires politiques de droite et en supprimant à son arrivée l'introduction de jurés dans deux Cours correctionnelles expérimentales, de bonne augure, qu'avaient mis en place François Fillon et Nicolas Sarkozy, flingué la gauche au profit de l'extrême gauche, il a aussi flingué la natalité en mettant fin à l'universalité des allocations familiales !...)
Un seul remède : remplacer le monopole des incompétents et des menteurs par une société éclairée où le pouvoir appartiendrait à des commissions citoyennes composées par des membres tirés au sort, afin de répondre chacune à un problème particulier. Toutes les informations, y compris contradictoires, leur seraient fournies par des représentants des diverses opinions. On pourrait même leur proposer une mini-formation consensuelle en économie si le sujet qui doit être traité comportait un volet financier. Objectif : des citoyens plus impliqués dans la vie publique bénéficiant d'une expérience de créativité en commun, vécue sur une courte période, avec des débats enrichissants et respectueux c'est à dire fortement incités à être conviviaux.
Au palmarès des menteurs figure notre Garde des Sceaux :
Benjamin Fiorini : «Le ministre ment quand il affirme le contraire. Ou alors il n'a jamais lu le rapport, mais j'en doute. C'est sûrement une position compliquée pour lui. Quand il était avocat, il a ardemment ferraillé contre cette réforme. Puis il a milité pour, une fois nommé garde des Sceaux. Il est difficile pour lui de se déjuger et d'admettre que c'est un échec»
C'est bien une dépossession démocratique majeure alors les jurys populaires avec des jurés tirés au sort devraient être l'avenir d'une démocratie éclairée.
Commentaire d'Aurélie (27 janvier 2023) : Je doute qu'il soit facile de réformer la France, les menteurs incompétents vont s'accrocher pas tous les moyens à leurs pouvoirs.
Comment survivre dans un environnement hostile
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