"Délinquant chevronné" : article de Franz-Olivier Giesbert - par reformedelajustice
Réforme de la Justice
L'éditorial de l'hebdomadaire 'Le Point' du 19 octobre 2017 fustige les comportements irresponsables des juges, des policiers et des journalistes qui chassent en meute, sans vergogne.
L'éditorial de Franz-Olivier Giesbert
Plaidoyer pour M. Sarkozy-Bismuth,
« délinquant chevronné »
La présomption d'innocence est une perte de temps. A l'ère de l'immédiateté, alors que notre monde va de plus en plus vite, pourquoi la respecter? Souvent fidèles aux trois L (lécher, lâcher, lyncher), les médias ont la condamnation facile, qui émettent volontiers des verdicts définitifs, sans autre forme de procès. Observez comme beaucoup de nos chers confrères répugnent à écouter la défense, de peur d'avoir à changer d'avis!
Longtemps, malgré bien des ratés, la justice tenta, du haut de son Aventin, d'empêcher les esprits de s'échauffer comme dans les tribunaux populaires. Aujourd'hui, le secret de l'instruction n'est plus qu'un vieux souvenir et les magistrats participent, aux premières loges, à la société médiatique en distillant, en insinuant, en divulguant, par journaliste interposé, le procès se déroulant ainsi... avant le procès.
Désormais, les juges, les policiers et les journalistes chassent en meute, sans vergogne. A la fin, tout le monde est broyé parce système dévoyé, les faibles, les petits, les puissants et tous les autres. Dernière victime: Nicolas Sarkozy, qui n'est certes pas un enfant de chœur et que ce journal n'a jamais épargné. Le voilà littéralement insulté, si les mots ont un sens, par ses juges. Dans son réquisitoire sur l'affaire des écoutes téléphoniques de M. Sarkozy (alias M. Bismuth), le Parquet national financier (PNF) assimile l'ancien président à un «délinquant chevronné» avant de réclamer son renvoi et celui de son avocat en correctionnelle. C'est Le Monde, journal officiel du PNF, qui annonce la nouvelle, après avoir «pris connaissance »du texte qu'il n'a sans doute pas eu beaucoup de mal à se procurer. «Délinquant chevronné» est un jugement de valeur, une formule qui aurait pu figurer dans un discours politique, un éditorial du Monde ou du Point, mais qui, de toute évidence, n'a pas sa place dans un réquisitoire de magistrats prétendus neutres. Pour n'être pas suspect de sarkozysme, on n'en est pas moins attaché à quelques règles élémentaires qui, ici, sont bafouées.
Bouffre! Est-ce cela, la justice de notre pays, une justice expéditive qui prononce sa sentence sans attendre que le tribunal s'empare de l'affaire? Le PNF n'en est pas à son premier exploit. Après avoir massacré François Fillon pendant la campagne présidentielle, il est allé chercher des poux dans la tête de Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, considérée comme une prétendante plus que sérieuse au trône de Jean-Claude Gaudin, lequel a été interrogé pendant des heures, pour qu'il la balance, sur un dossier qu'il ne connaissait pas!
Loin de nous l'idée de nous prononcer sur le fond de l'affaire dite des écoutes téléphoniques de l'ex-chef de l'Etat, une sombre histoire de cornecul : en janvier 2014, alors qu'ils travaillaient sur un possible financement par le régime libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, les juges ont découvert que l'ancien président et son avocat, Me Thierry Herzog, se téléphonaient sur des numéros et des portables secrets. Des méthodes de «délinquant chevronné», selon le PNF. Les deux hommes se servaient de téléphones achetés sous une fausse identité, comme celle d'un certain Bismuth pour M. Sarkozy, afin d'obtenir des informations sur une procédure en cours, celle de la validité de la saisie des agendas de l'ex-chef de l'Etat dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Bettencourt. Leur informateur: un avocat général à la Cour de cassation à qui aurait été promis un poste à la principauté de Monaco. C'est pourquoi le PNF accuse aujourd'hui l'ancien président et son avocat de «faits de corruption» et de «trafic d'influence.»
Que la justice passe, tout le monde est d'accord là-dessus. Mais qu'elle se permette d'invectiver les justiciables, ce n'est pas convenable. On peut tourner la chose dans tous les sens, il y a du robespierrisme dans cette attitude à l'égard de M. Sarkozy. Issu de la petite noblesse de robe, Maximilien de Robespierre (1) en avait conçu une haine torride contre l'aristocratie et le reste de l'humanité. Avec son expression de «chat qui a bu du vinaigre», selon la formule de Mirabeau, il œuvra, en pleine Terreur, pour une justice plus expéditive à travers la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) qui précipita sa chute. Georges Couthon, l'un de ses sbires, avait fait voter un texte qui supprimait les derniers droits des accusés. Plus d'interrogatoire, ni d'avocat, ni de preuves matérielles, ni d'audition obligatoire des témoins. C'était la guillotine assurée et elle ne chôma pas dans les semaines qui suivirent. N'y aurait-il pas toujours, dans notre pays, la nostalgie d'une justice« révolutionnaire» qui n'a de justice que le nom?
1. A propos de Robespierre, sur lequel on dit tout et n'importe quoi, on ne recommandera jamais assez la lecture de l'excellente biographie de Laurent Dingli, un travail remarquable écrit d'une plume épatante, aux éditions Flammarion.
Jusqu'à quand accepterons-nous ce fonctionnement dévoyé de la République ?
.
Commentaire de Lucas "La justice En Marche"
.
L’inénarrable Richard Ferrand a donc été absous d'office de toute malversation par le procureur de la république de Brest, et il faut remarquer que le petit microcosme médiatique évite soigneusement le sujet. Pourtant, le sujet en question est édifiant sur les mœurs françaises :
- d'une part, il se murmure que le procureur en question aurait été nommé l'été dernier à Brest; si c'est le cas, aurait-ce été dans le but d'exécuter une manœuvre tactique ? On ne le saura jamais.
- ensuite, son traitement "express" du cas Ferrand est qualifié de "tour de passe-passe" par le Canard enchainé d'hier 18/10.
- mais seul atlantico l'a cité, les autres politilogues et commentateurs médiatiques de plateaux restant prudemment dans l'expectative.
"Le "tour de passe-passe" du procureur de Brest : Dans son communiqué, le procureur affirme en effet que l'épouse de Richard Ferrand, Sandrine Doucen, "avait acquis dans le centre de Brest un immeuble qui a été loué ultérieurement aux Mutuelles". "En clair : le bien n’a pas été acheté en vue de le louer auxdites Mutuelles", explique l'hebdomadaire satirique. "Or les documents publiés par le ‘Canard’ attestent du contraire : c’est Ferrand qui a signé, à titre personnel, le compromis de vente sous la condition suspensive que les Mutuelles soient d’accord pour louer ces bureaux ! Et ce n’est qu’une fois cette question réglée que le directeur général a cédé l’affaire à sa compagne, qui se sera constitué, en dix ans, un patrimoine de 600 000 euros sans bourse délier", enfonce le palmipède. Il explique ensuite qu'à "l'époque cette manœuvre a permis à Ferrand de camoufler son rôle dans l’opération. Les comptes rendus des conseils d’administration des Mutuelles de Bretagne de janvier 2011, consacrés à cet achat immobilier, ont passé sous silence le rôle joué dans l'affaire par le duo Ferrand-Doucen".Pour autant, le procureur a conclu que "les investigations menées n’ont pas mis au jour d’éléments de dissimulation avérée", s’étonne le Canard Enchaîné, précisant que "la reconnaissance de cette dissimulation aurait eu pour effet d’allonger les délais de prescription". "Grâce à son tour de passe-passe, le procureur peut proclamer qu’un éventuel délit de prise illégale d’intérêt est prescrit depuis 2015", conclut Le Canard enchaîné, ajoutant que l’association anticorruption Anticor envisage de déposer plainte. http://www.atlantico.fr/pepites/tour-passe-passe-canard-enchaine-charge-procureur-qui-blanchi-ferran d-3197729.html
Commentaire d'Antoine "Censure !" :
Ces évènements récents permettent de tester les censeurs (appelés pudiquement modérateurs) des différents sites qui traitent de l’actualité. Il est facile de faire l’évaluation des sites qui offrent aux internautes la possibilité de faire des commentaires.
Si vous vous étonnez de la différence de traitement judiciaire entre Monsieur Ferrand et Messieurs Fillon ou Sarkozy, ce qui laisse planer un doute sur l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place. Faites un commentaire sur le classement sans suite du tribunal de Brest concernant Monsieur Ferrand. Et regarder quels sont les sites qui suppriment votre remarque.
Ou bien si vous marquez votre réprobation, sur Internet, en parlant des écoutes téléphoniques d’un client (Nicolas Sarkozy) avec son avocat sur une conversation qui ne pouvait matériellement amener aucun avantage au juge Gilbert Azibert (de surcroît cet entretien téléphonique s’épanchait sur une affaire soldée par un non-lieu, celle où les magistrats ont confondu, sur l’agenda de l’ancien Président de la République, Liliane Bettencourt, la milliardaire, avec Ingrid Bettencourt, l’ancienne prisonnière des FARC) constatez la réaction des censeurs de certains sites.
Si vous vous indignez des mauvais traitements subis par les animaux qui en sont les victimes dans certains abattoirs, testez, sur différents sites, par un commentaire qui compare la justice allemande à la notre. Récemment, des lanceurs d’alerte se sont introduits dans un abattoir en Allemagne pour rapporter des preuves d’une maltraitance : ils ont été relaxés et félicités par le juge. En France, ceux qui ont fait pareil on été condamnés, laissant accroire que la justice est indifférente aux victimes.
Si vous trouvez anormal que dans les nombreuses affaires récentes on s’aperçoive que des délinquants n’ont subis aucune sanction (comme celui qui, en situation irrégulière, maintes fois arrêté et maintes fois relâché, a assassiné deux jeunes femmes à la gare St Charles à Marseille), essayez des commentaires réprobateurs sur différents sites. Si en plus vous rappelez que 100 000 peines par an ne sont jamais appliquées, en laissant entendre que la justice est laxiste, regardez l’effet produit sur les « modérateurs ».
Si la censure s’applique, sur certains sites, à des commentaires qui ne comprennent ni insultes, ni diffamations, ni incitations à la haine… mais seulement le souhait de voir s’améliorer notre démocratie… Ca en dit long sur une «police de la pensée», très discrète, qui veille à nous maintenir dans l’ignorance…
Exemple : essayez de conclure votre contribution par cette phrase : "Le célèbre criminologue Alain Bauer préconise l'introduction de jurés populaires dans les cours correctionnelles pour redonner du bon sens à la justice." Et regardez au bout de combien de temps votre commentaire, terminé avec cette assertion hétérodoxe, est effacé. (Interdiction de signaler que certains magistrats enivrés par leur pouvoir sans contrôle sont devenus incompétents).
PS : Si vous recensez les sites qui traitent l’actualité et qui censurent les critiques du fonctionnement de notre justice : vous vous ferez une idée du mal français avec ses tabous. Regardez ceux qui retirent immédiatement des commentaires faisant références aux livres "L’Etat-voyou" ou "L'horreur judiciaire" … Eloquent.
Commentaire de François-Marie Arouet "Lueur d'espoir" :
La commission européenne qui a enquêté dix huit mois sur le scandale des « Panama papers » (puissante industrie de l’évasion fiscale) a rendu son rapport. Il est accablant pour beaucoup de haut-dirigeants (voire de Chefs d'Etats) accusés de corruption ou de complicité. Le rapport utilise même le terme d’Etats-voyous pour qualifier ces pays de l’Union Européenne !
Si les membres de cette commission le révèlent publiquement... Il y a de l'espoir...
Personne n'a encore laissé de commentaire.
Soyez donc le premier !
Comment survivre dans un environnement hostile
Actualités judiciaires
Novembre 2024 | ||||||
L | M | M | J | V | S | D |
01 | 02 | 03 | ||||
04 | 05 | 06 | 07 | 08 | 09 | 10 |
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 |
18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 |
25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |