Etat faible : berceau des idéologues toxiques - par GillesBressiere
État faible : berceau des idéologues toxiques
Un État fort n’est pas antinomique d’une vraie démocratie, au contraire, surtout si celle-ci s’appuie sur des Commissions Citoyennes composées de membres tirés au sort.
Pour éviter la pensée binaire des militants pour qui tout est ou noir ou blanc, sans nuances, s’impose la contribution de jurés d’origines diverses qui ont eu la possibilité de comparer préalablement des exposés contradictoires reflétant toutes les opinions. Ils seront réceptifs à la compréhension de la complexité d’un problème et seront plus enclins à élaborer ensemble des solutions pertinentes. C'est le meilleur moyen de corriger les aberrations administratives.
Géraldine Wœssner (Le Point n°2641 du 16 mars 2023) :
« (…) Dès l’Antiquité, de vastes ouvrages ont été construits pour sécuriser la ressource en eau. Ils se sont remarquablement développés au XIXe, accompagnant l'expansion démographique et l'industrialisation. C'est à cette époque qu'ont émergé les projets de barrage dans le Roussillon, sur la Durance et le Verdon, celui de transfert de l'eau du Rhône vers la plaine du Languedoc... «Sans les grands investissements de Napoléon III, il n'y aurait pas d'eau dans la Drôme », rappelle le président d'Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, dont la région jouit encore, des barrages alpins (Serre-Ponçon, Verdon...) au canal de Provence, des bénéfices de réalisations colossales. «Par quelle aberration arrive-t-on à célébrer ces ouvrages du passé tout en refusant absolument toute nouvelle construction, même d'une simple retenue d'eau ?» s'interroge Sylvie BruneI.
En réalité, la France retient assez peu l'eau qu'elle reçoit, constatait en septembre dernier un rapport du Sénat: «Seulement 4,7 % du flux annuel d'eau est stocké en France, alors que l'on atteint presque 50 % en Espagne.» De la même manière, elle irrigue peu: 6,8 % des surfaces agricoles sont irriguées, selon les données (2020) du dernier recensement agricole, contre plus de 20 % en Italie et l5 % en Espagne. Une situation qui la place, au seuil de bouleversements majeurs, en relative situation de force, les habitudes d'économies étant déjà bien ancrées dans de nombreux secteurs. L'indice d'exploitation de la ressource en eau, qui définit le rapport entre la ressource en eau captée chaque année et la totalité des ressources disponibles à long terme, atteint seulement 6,14 % en France, selon les données d'Eurostat, contre... 23,7 % en Espagne.
Comment expliquer, dès lors, que la France ait pris un tel retard? Son administration, d'abord. La politique de l'eau s'articule autour d'un écheveau complexe impliquant à la fois les ministères, les directions d'administration, plusieurs établissements publics nationaux, les instituts de recherche, tous les niveaux de collectivités territoriales et différentes formes de groupements de collectivités, chapeautés à l'échelle de 12 grands bassins hydrographiques (dont 7 en métropole) par les agences de l'eau, et, au niveau local par différents services de l'État. Une organisation à la fois «complexe et incohérente », étrille la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel, conduisant à des politiques parfois «contradictoires », chaque ministère - Agriculture, Énergie, Environnement - ayant tendance à défendre ses propres intérêts. «En réalité, le système est tellement complexe qu'il n'est maîtrisé que par un petit nombre de personnes qui s'arrogent tous les pouvoirs », dénonce Laurent Wauquiez, excédé d'être régulièrement entravé dans ses projets d'adaptation. « Un fonctionnaire local un peu idéologue peut bloquer un dossier. Et les agences de l'eau sont toutes-puissantes », soutient-il, encore marqué par le refus du président de l'agence de l'eau Loire-Bretagne de soutenir des projets d'irrigation pourtant officiellement portés par le gouvernement. «Je milite pour une véritable décentralisation s'appuyant amplement sur le couple région-département», plaide de son côté la présidente (PS) de la région Occitanie Carole Delga.
La législation, ensuite. Les projets de nouvelles retenues, notamment, se heurtent à une réglementation complexe issue de la loi. (…) »
Émilie Trevert (avec Erwan Seznec) (Le Point n°2641 du 16 mars 2023) :
« (…) « Folie idéologique ». Depuis une dizaine d'années, la politique de continuité écologique a conduit à la destruction (largement subventionnée) de 1400 ouvrages, selon le ministère. « Si l'on prend la totalité des rivières, d'après les données de l'Office français de la biodiversité, 4 300 seuils ont été totalement détruits et 7 800 partiellement détruits », assure Pierre Meyneng, président de la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins (Ffam). Un article de la loi climat et résilience a cependant freiné ce mouvement en interdisant la destruction des moulins à eau, en 2021. Pour ses défenseurs, c'est une question de bon sens. «L'hydraulique des rivières en France a sept siècles, et elle est parfaitement adaptée à la saisonnalité de notre climat» estime le président de la Ffam, qui ne décolère pas face à cette «folie idéologique» qui consiste à «renaturer» les rivières et à considérer que «retenir l'eau est antinaturel».
Il va plus loin: «C'est une catastrophe écologique! La politique menée depuis dix ans a fortement aggravé la pénurie d'eau. En cassant ces seuils, on abaisse drastiquement le niveau de l'eau, qui s'écoule plus vite et ne nourrit plus suffisamment les nappes alluviales [nappes souterraines qui accompagnent la rivière, NDLR].» Résultat, selon des géologues: de plus en plus d'assecs estivaux. Pour preuve, il cite l'exemple de la Vire, un «cas d'école»: «Sept petits ouvrages ont été détruits sur cet affluent de la Manche alors qu'ils produisaient l'équivalent de la consommation é1ectrique annuelle d'environ 3 000 personnes, une énergie renouvelable et propre. Et les aloses, principaux poissons migrateurs du fleuve, sont passées de 9 000 en 2015 (date de la première destruction) à l 000 en 2022! Il n'y a plus d'eau l'été, donc plus de poissons...» Ironie de l'histoire: à quelques kilomètres des ouvrages rasés, un barrage provisoire a dû être monté en urgence cet été pour rehausser le niveau du fleuve et garantir l'approvisionnement en eau potable. Il n'a été démonté que début mars.
Pourtant, la Vire est citée par le ministère comme un exemple de réussite de cette politique, avec une répartition du saumon qui aurait «progressé vers l'amont et où l'on retrouve deux à trois fois plus de juvéniles et trois fois plus de saumons adultes que dans les années 1980-1990». Qui croire? «On nous ment tout le temps, tout ça pour camoufler une énorme erreur! s'emporte Ludovic Panneau, président de l'Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). C'est un suicide écologique !» Pour lui, les aménagements faits par l'État sont responsables de l'assèchement du Thouet. «On a dépensé plus de 1 million d'euros pour avoir des poissons qui crèvent l'été!» Plus de 500 morts cet été, recense-t-il. Pour connaître la cause de cet excès de mortalité, Ludovic Panneau, qui a une formation en gestion et protection de la nature, a fait réaliser des prélèvements d'oxygène sur cet affluent de la Loire. «Résultat: là où on a cassé des barrages, côté Maine-et-Loire, le milieu est néfaste pour la faune et la flore, c'est l'asphyxie complète ! Le faible niveau d'eau réchauffe l'eau et accélère le développement d'algues invasives ; or trop d'herbiers tuent le poisson. Quelques mètres plus loin, côté Deux-Sèvres, qui a un niveau d'eau normal, on n'avait pas de mortalité malgré la sécheresse. » (…) »
Un État faible pousse à la violence
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Lors des manifestations de Sainte-Soline contre les bassines, fin octobre 2022, 61 gendarmes ont été blessés dont 22 grièvement. « Des parlementaires poussent à la roue », dénonce Daniel Sauvaitre, président de l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP).
La réponse pénale est toujours dérisoire contre les auteurs de ces agressions scandaleuses.
Là encore, une Justice laxiste, symptôme de la faiblesse de notre État, serait très avantageusement remplacée par des jurés populaires. Une juste sévérité calmerait les esprits. Un manifestant violent, qui blesse un représentant des forces de l’ordre, devrait être sévèrement condamné, notamment en versant une pension à vie à sa victime. Toucher au porte-monnaie est toujours dissuasif. Quand un élu pousse à la violence, la sanction devrait être immédiate : la révocation sur le champ de son mandat.
Dans une démocratie exemplaire il est permis de penser même à des idées les plus farfelues et de pouvoir exprimer librement son opinion. Que l’on soit anticapitaliste ou libéral, si cela concerne un sujet posé à une Commission Citoyenne, on a le droit de chercher à en convaincre les membres tirés au sort. En revanche le recours à l’intimidation ou à la violence devrait être totalement proscrit (quoique difficile à pratiquer sur des jurés anonymes réunis en visioconférence mais qui restent invisibles pour ceux qui exposent leurs idées pour les convaincre).
Une démocratie apaisée et bien informée avec des décisions prises en groupe par des personnes tirées au sort, voilà une innovation qui mérite d’être proposée par referendum.
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Il y a urgence à réparer la France.
Il faudrait pouvoir neutraliser les idéologues toxiques à l’aide de Commissions Citoyennes. Quand la CGT fait croire que les éboueurs ont une espérance de vie inférieure de 13 à 17 ans à celle des autres travailleurs, ça ne passerait pas devant des jurés tirés au sort bénéficiant d’une vraie information en ayant accédé aux réalités des statistiques : les éboueurs ont la même espérance de vie que les ouvriers mais effectivement 3 ans de moins que les cadres. Quand Corinne Lepage annonce sur Arte que les eaux de refroidissement d’un réacteur nucléaire pompée dans une rivière ou dans la mer ressortent radioactives, ça ne passerait pas non plus devant un groupe de citoyens éclairés. Mais en revanche il est notoire qu’à La Hague, l’usine de retraitement des déchets nucléaires, l’eau relâchée dans la mer n’est pas exempte de reproches mérités. Etc.
La grève, oui, mais les piquets de grève, avec une minorité agissante qui use de la force ou de l’intimidation, sont-ils encore démocratiques ? Qu’en penseraient des Commissions Ethiques Citoyennes ?
Quand les députés de LFI (La France Insoumise) se lèvent en brandissant des pancartes "Rdv dans la rue" à la fin du vote qui rejette leur motion de censure, est-ce bien le respect de la démocratie ? De pousser implicitement à la violence, avec 300 policiers et gendarmes blessés durant les manifestations contre la retraite à 64 ans, est-ce acceptable ? Quand 6% d'éboueurs grévistes bloquent la sortie de camions poubelles ou qu'une toute petite minorité de cégétistes bloquent toutes les raffineries, est-ce une expression normale de la démocratie ou bien est-ce de la délinquance admise comme normale ? Voilà des questions qu'il faudrait pouvoir poser à des Commissions Ethiques Citoyennes. C'est à dire donner enfin la priorité au bon sens...
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