Le grand malaise français - par GillesBressiere
Le grand malaise français
Une fiscalité exorbitante alors que le service public se dégrade. Toujours plus de contrôles et de tracasseries et de moins en moins de services rendus, avec notamment cette nouvelle inquisition sur les propriétaires fonciers qui doivent faire, avant le 1er juillet 2023, encore une déclaration supplémentaire de leurs biens, avec leur usage respectif !
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Pierre-Antoine Delhommais (Le Point n°2645 du 13 avril 2023) :
Couvrez ces impôts qu'on ne saurait voir
« C'est un record dont le gouvernement se serait volontiers passé. Le taux des prélèvements obligatoires (PO) a atteint l'année dernière le niveau sans précédent de 45,3 % du PIB, après 44,3 % en 2021 et 43,7 % en 2020. Autrement dit, jamais il n'avait été collecté en France autant d'impôts et de cotisations sociales en proportion de la richesse nationale.
Dans le détail, selon l'Insee, les impôts ont augmenté en 2022 de 7,9 %, soit d'un montant de 59,5 milliards d'euros, avec des recettes de TVA en hausse de 8,1 % (+14,9 milliards) due à la fois à l'accélération de l'inflation et à la progression de la consommation. Les impôts sur la production ont bondi de leur côté de 9,8 % (+10,7 milliards d'euros), moins toutefois que les impôts sur le revenu des ménages et des entreprises, qui se sont quant à eux envolés de 10,5 % (+33.9 milliards d'euros) grâce notamment au dynamisme de la masse salariale. Lequel explique par ailleurs l'augmentation de 6,5 % (+24,2 milliards d'euros) des recettes de cotisations sociales.
Toujours est-il que ce ratio PO/PIB record fait un peu tache dans le bilan d'Emmanuel Macron, qui, depuis son arrivée à l'Élysée en 2017, avait souhaité se démarquer de son prédécesseur en faisant de la diminution de la pression fiscale le socle de sa politique économique. En se présentant comme le champion des baisses d'impôts, que ce soit en faveur des entreprises afin d'améliorer leur compétitivité (avec la réduction de l’IS et l'allègement des impôts de production), mais aussi en faveur des ménages afin de soutenir leur pouvoir d'achat, à travers notamment la suppression de la taxe d'habitation, de la redevance télé ou encore des cotisations chômage et maladie. Autant dire que le chef de l'Etat va devoir expliquer avec beaucoup de pédagogie ce que représente l'assiette fiscale s'il veut réussir à convaincre les Français que leurs impôts ont baissé alors qu'ils n'en ont jamais autant payé.
Si ce pic historique atteint par les prélèvements obligatoires est passé sous les radars médiatiques, c'est aussi parce qu'il est difficile à exploiter politiquement par l'opposition. Il rend en effet parfaitement dérisoire le discours de la Nupes et du Rassemblement national selon lequel des décennies de politiques néolibérales auraient privé l'Etat français de l'essentiel de ses ressources financières. Il suffit de rappeler que le poids des prélèvements obligatoires n'était que de 33 % du PIB en 1970 pour en prouver l'absurdité complète.
Difficile aussi de prétendre, comme le font pourtant à longueur d'antenne les députés de La France insoumise, que la solution aux difficultés économiques actuelles, et le remède à la détérioration des services publics, est d'augmenter encore les impôts, alors que l'Etat n'en a jamais autant collecté et que la France est le pays de la zone euro où la pression fiscale est la plus élevée. En comparaison, le taux des PO est de 6 points inférieur en Allemagne, 7 aux Pays-Bas, 14 au Canada, 20 aux Etats-Unis et même 27 en Irlande.
«Il ne fait pas de doute qu'un impôt exorbitant équivalant par exemple en temps de paix comme en temps de guerre à la moitié ou même au cinquième de la richesse de la nation, justifierait, comme tout abus caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple.» Ce constat que faisait au XVIIIe siècle l'économiste écossais Adam Smith retrouve aujourd'hui toute sa pertinence dans le cas de la France. Le «ras-le-bol fiscal», pour reprendre la formule de l'ex-ministre des finances Pierre Moscovici, nourrit à l'évidence cette colère sociale et ce mal-être économique qui s'expriment à travers l'opposition massive à la réforme des retraites. Autant que l'inflation, la hausse des impôts et des taxes est l'ennemie du pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français, surtout lorsque ces derniers ont le sentiment que tout cet argent qu'ils versent à l'État est mal utilisé et n'empêche par exemple pas l'hôpital et l'école de gravement dysfonctionner.
«L'art de l'imposition, expliquait Colbert, consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris.» Avec un taux de prélèvements obligatoires record, son lointain successeur à Bercy devrait se méfier des cris de protestation et de souffrance des oies, qui en ont assez d'être fiscalement plumées. »
Gilles Bressière : en attendant une "démocratie éclairée" fondée sur des commissions citoyennes, il est urgent qu'un gouvernement "bisounours" cesse "d'emmerder les Français" et fasse de la pédagogie pour enfin faire les réformes qui sont nécessaires (y compris sur les retraites).
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